Humain & divin

Maquette de costume de Valérian Antoine et Brice Lourenço

Gabriela Gómez Abaitua monte Orphée et Eurydice de Gluck à l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole. Plongée dans une « expérience hors du temps ».

Eurydice est morte. Orphée est désespéré. Grâce à la puissance et à la beauté de son chant, il va faire revenir sa belle des Enfers, la ramenant dans le monde des vivants… à la condition qu’il ne pose pas son regard sur elle. Et que croyez-vous qu’il fit ? En prenant le mythe pour fondement, Christoph Willibald Gluck livra une partition sublime traduisant avec une grande profondeur les sentiments humains et le pouvoir de l’amour sur la mort. À son propos, Jean- Jacques Rousseau écrivit même : « Puisqu’on peut avoir un si grand plaisir pendant deux heures, je conçois que la vie peut être bonne à quelque chose. » Il fait allusion non seulement à la luxuriance de la musique et aux airs virtuoses, mais aussi au happy end que choisit le compositeur baroque : alors qu’Orphée est sur le point de mettre fin à ses jours lorsqu’il perd Eurydice pour la seconde fois, Amour, la lui rend.

Maquette de costume de Valérian Antoine et Brice Lourenço

Gabriela Gómez Abaitua est profondément touchée par une pièce qu’elle avait interprétée, danseuse, au Grand Théâtre de Genève, dans la chorégraphie culte de Mats Ek. Dans sa mise en scène, elle désire « interroger les rapports existant entre les mondes humains et divins. La musique permet de lier les deux univers. Elle forme un pont entre celui d’Orphée et celui d’Eurydice. J’ai souhaité donner corps à cet échange », résume-t-elle. « C’est une histoire atemporelle qui a beaucoup à nous dire aujourd’hui, alors que les rapports humains sont souvent “endommagés”. Pour l’exprimer, nous avons choisi une scénographie très épurée, minimaliste et des costumes qui ne sont pas datés. L’opéra se déroule hors du temps, dans au-delà qui n’aurait, tout comme la spiritualité, ni d’heure ni de lieu. » Elle a aussi eu la volonté de placer musique et danse au même niveau, “doublant” les trois rôles principaux (Orphée, Eurydice et Amour) qui « seront chacun incarnés par un chanteur et un danseur. Ils ne symbolisent pas un dialogue possible entre les deux parties d’un même personnage mais véhiculent une émotion d’essence similaire, l’amplifiant par leur dualité. » Si la voix peut légitimement être associée à la sphère divine et le corps aux actions humaines, cette dichotomie « n’est pas fixe. J’ai envie de la laisser toute liberté au spectateur, de lui donner la possibilité de se perdre et se laisser emporter », résume la chorégraphe.


À l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, du 15 au 19 mars
opera.metzmetropole.fr

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