Le corps dans tous ses états : Décadanse sur les Scènes du Nord

Le tambour de soie, Kaori Ito, Yoshi Oïda, © Christophe Raynaud de Lage

Nouveau rendez-vous de début d’année des Scènes du Nord, Décadanse se positionne comme un événement ambitieux.

Réseau de six salles maillant les hauteurs de l’Alsace, les Scènes du Nord remplacent le piquant festival Décalages par une ode au mouvement. Le bien nommé Décadanse propose une programmation éclectique mêlant grands noms et artistes régionaux pour un voyage chorégraphique empruntant de nombreuses formes. Ainsi sera-t-il possible de plonger dans une exploration poético-anatomique avec Jusqu’à l’os (dès 5 ans, 21/01 à La Saline et 22/01 à la MAC). Caroline Allaire de la Cie KiloHertZ met en mouvement des planches dessinées d’Andreas Vesalius dans une conférence dansée drôle et intelligente, curieuse et extraordinaire. Du solo à la pièce de groupe il n’y a qu’un pas, que franchit l’Opéra Garnier avec Play, ballet mémorable sur grand écran (dès 12 ans, 25/01 à La Saline). Au milieu d’une pluie de milliers de balles vertes, les étoiles, premiers danseurs et corps de ballet parisien s’en donnent à cœur joie avec un esprit ludique ne gâchant en rien une technique incroyable. Ancienne étoile de l’institution, Marie-Claude Pietragalla livre avec Julien Derouault sa vision du désormais classique Dans la solitude des champs de coton (dès 13 ans, 20/01 à L’Espace Rohan). Une bagarre verbale dans un flot de parole uniquement rompu par la danse, qui révèle l’inconscient poétique de deux hommes en lutte avec eux-mêmes face à la mort. Rarement l’œuvre de Bernard-Marie Koltès avait autant été incarnée dans les corps…

Enfin, ne manquez pas la rencontre entre la flamboyante Kaori Ito et l’un des acteurs mythiques de Peter Brook, Yoshi Oïda. Ils partent à l’assaut d’Aya no Tsuzumi, une pièce ancienne de théâtre Nô. Adaptée par le grand Yukio Mishima, l’histoire tragique d’un vieux jardinier amoureux d’une jeune princesse était devenue celle d’un vieux portier épris d’une top modèle. Dans Le Tambour de soie (en photo, dès 15 ans, 25/01 au Théâtre de Haguenau), l’écrivain Jean-Claude Carrière en fait un vieil homme qui, nettoyant le plateau d’un théâtre, tombe en admiration devant une danseuse en pleine répétition. Elle lui promet son amour s’il parvient à faire sonner le tambour qu’elle lui tend durant sa traditionnelle danse de la folie. Incapable d’y parvenir, il commet l’irréparable. Dans une atmosphère teintée d’étrangeté, il revient hanter la jeune femme dans une fable fantastique où la culpabilité voisine avec l’incommensurable désir de plaire.


À La MAC (Bischwiller), au Théâtre de Haguenau, à La Castine (Reichshoffen), à l’Espace Rohan (Saverne), à La Saline (Soultz-sous-Forêts) et à La Nef (Wissembourg) du 17 au 29 janvier
scenes-du-nord.fr

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