Un peu d’horreur à Reims avec Bois Brûlé de Jonathan Mallard
Flirtant avec l’horreur, Bois Brûlé de Jonathan Mallard plonge le spectateur dans les 91 ans d’histoire d’une étrange demeure, perchée à flanc de falaise.
Pour cette nouvelle création, vous collaborez avec l’auteur Marcos Caramés-Blanco. Rapidement, vos sensibilités vous amènent à vous intéresser au thème de la maison hantée. C’est donc ce qui se trouve au centre de l’intrigue ?
La maison sert en effet de socle, de chambre d’écho car on s’intéresse au phénomène de la hantise. Les personnages que l’on suit ont un fort désir de se retirer du monde, de laisser le passé derrière eux. Il y en a trois principaux : Karlota, ouvrière du bâtiment, qui l’a construite, puis Sebastian, compositeur de musique de films apprenant qu’il est malade et s’y isole pour créer ce qui sera sa dernière œuvre, et Céleste, qui n’a pas du tout la même valeur dramaturgique, puisqu’elle sert plutôt d’épilogue. Les comédiens se partagent aussi d’autres personnages périphériques gravitant autour des protagonistes au fur et à mesure des années, allant d’une technicienne EDF à une banquière, en passant par un voisin ou un patron de chantier.
Le récit est divisé en trois parties, chacune s’intéressant à l’un des héros. Pour l’un d’eux, Derek Jarman a été une source d’inspiration immédiate.
Dès le début, sa vie nous a intéressés. Nous voulions avoir une figure artistique qui a réellement cherché l’isolement au moment de sa maladie – il perdait la vue et est mort du Sida en 1994. Au début, on ne savait pas encore que l’on ferait de Sebastian un musicien. Puis, on s’est questionnés sur la façon dont une œuvre, produite à un instant « t », pouvait continuer de résonner à d’autres époques. Là, on a commencé à se demander comment on pouvait rendre hommage au cinéma d’épouvante, mais sur un plateau de théâtre. Comment s’amuser avec les codes du genre ? Il nous est vite apparu que l’arme principale était le son. Il permet de jouer avec les sensations, de créer des tensions… Bref, la figure du compositeur s’est imposée. À partir de là, j’ai cherché une personne particulière : il me fallait un interprète multi-instrumentiste, capable de jouer, chanter et composer en live. C’est le rôle de Raphaël Mars.

La musique est donc au cœur de sa partie. Cela veut-il dire qu’il n’y en a pas avant, ou après ?
Elle préexiste dans le chapitre de Karlota, qui a constamment l’impression d’entendre quelqu’un jouer du piano. Ça finira par l’obséder. La musique fait partie des murs et participe à hanter les habitants. Dans la troisième partie, Céleste prend part au tournage d’un film… dont la bande-son a été créée, justement, par Sebastian.
Quant aux décors, vous partez sur quelque chose de plutôt minimaliste.
Après moult réflexions, on a décidé de se concentrer sur l’image de la charpente. D’abord, cela fait un clin d’œil à l’activité de Karlota. Elle évolue tout au long de la pièce, dessine différents espaces et, en étant mobile et hissée en hauteur, elle représente, elle aussi, une menace flottant au-dessus de leurs têtes.
À La Comédie (Reims) du 10 au 17 décembre
lacomediedereims.fr
