Tears & beats

Photo de Marikel Lahana

Entre les beats technoïdes du Berghain et le folk acoustique de Cat Power, la Suissesse Sophie Hunger raconte une douloureuse rupture qui l’a fait exploser en mille Molecules.

Nous la prenions pour une solitaire folkeuse des alpages, elle se révèle en clubbeuse berlinoise. Et en femme overbookée : écriture de la BO de Ma Vie de courgette ou de la musique du film de son pote Cantona. « Ça vous étonne qu’il soit fan de ma musique ? Il a bon goût, c’est tout », nous lance-t-elle malicieuse. Il y a cinq ans, Sophie Hunger a quitté Berne, Zurich et sa Suisse natale pour la capitale allemande où elle a rencontré « une famille », des gens qui, comme elle, ne se reconnaissent pas dans le métro- boulot-dodo et son ronron quotidien. « Je me suis vite liée d’amitié avec d’autres musiciens et me suis trouvée une communauté d’artistes qui m’a fait me sentir aimée et en sécurité. » Avec sa « clique », elle vit à l’heure electro, de boîte en boîte, « non pas en observatrice, avec un petit carnet et un stylo », mais en fêtarde se laissant submerger par l’ambiance nocturne de la cité et sa bande-son. « J’ai découvert le krautrock et commencé à acheter des synthés. Quelle mauvaise idée : on ne peut plus s’arrêter de les collectionner et de jouer avec. Si je laisse un synthétiseur allumé chez moi et que des amis passent, ils sont fascinés par l’instrument et se mettent devant durant des heures, comme hypnotisés par le son qui prend aux tripes. L’électronique m’a permis de changer de registre et j’ai pu m’isoler, composer seule avec mes nouveaux petits amis. » Celle qui prétend avoir une approche “jazz” – sa faculté à improviser et à tourner autour de motifs – a davantage mis ses cordes vocales à contribution. « Comme la musique était plus statique, j’ai pu glisser du “pathétique” dans ma voix », de l’émotion et des faiblesses. Si la musique renvoie aux DJs du Berghain et au kraut de Neu! and co., les textes sont quant à eux liés à une rupture amoureuse très douloureuse. Sophie a vécu la séparation comme une destruction, puis comme un moteur à la création. Comment dépasser la tristesse, avoir la force de transformer la peine en or sur fond de nappes synthétiques. « J’ai la chance de faire un métier qui me permet de dépasser ma position de victime et d’utiliser la douleur de manière “perfide” en prenant de la distance et en créant des chansons ctionnelles. Il n’y a rien de romantique là-dedans ! »


Au Kaufleuten (Zurich), lundi 8 octobre
À La Laiterie (Strasbourg), mercredi 17 octobre
Au Centre de Rencontre Culturel / Abbaye de Neumunster (Luxembourg), lundi 29 octobre
À La Kaserne (Bâle), jeudi 13 décembre
Au Dachstock (Berne), samedi 15 décembre

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