Serpents d’or et de diamants

Bijou Serpents de René Lalique (Paris, 1898 / 1899) © VG Bild-Kunst Bonn 2011 © Fundação Calouste Gulbenkian, Lisbonne Photo : Carlos Azevedo

À Pforzheim, Serpentina est une exposition fascinante et intrigante. Le Schmuckmuseum y explore avec finesse la symbolique du serpent dans le bijou à travers les âges et les civilisations.

La symbolique du serpent est difficilement saisissable. Elle glisse, ondule et varie selon les lieux et les époques. Nul autre animal ne possède de signification aussi protéiforme. Parfois, le reptile renvoie à l’éternité et au cycle sans fin de la vie : en témoigne l’Ouroboros – le serpent qui se mord la queue – de la mythologie égyptienne. Chez les Grecs et les Romains, il est synonyme de guérison (et s’enroule autour du caducée d’Esculape). Dans la chrétienté, il est indissolublement lié au pêché originel, tandis que le toltèque Quetzalcóatl connaît des interprétations multiples… et parfois contradictoires. C’est toute cette variété que l’exposition nous permet d’explorer à travers 140 pièces exceptionnelles de toutes les cultures et des époques les plus variées. « Plus nous nous sommes occupés de ce thème, plus il apparaissait clairement qu’il était riche et fascinant » explique la directrice du musée, Cornelie Holzach. De l’antiquité au XXe siècle, un étonnant voyage…

Autour de 1900, voilà un briquet d’agent de la maison Fabergé en forme d’inquiétant crotale. Plus angoissant encore est ce nid de vipères (qu’on entend presque siffler) imaginé, à la même époque, par René Lalique… Drôle de bijou où se mêlent volupté et danger de mort. Plus apaisés sont ce bracelet torsadé glamourissime aux têtes serpentines stylisées venant de Suède et datant du troisième siècle ou cette étonnante chope de bière berlinoise avec son dragon aux ailes déployées faites de subtiles efflorescences argentées. Voilà un bestiaire d’or, de diamants, d’émail, de vermeil et de platine bien séduisant. Dommage simplement que ces chefs-d’œuvre demeurent enfermés dans des vitrines alors qu’on leur rêverait une utilisation plus… baudelairienne. « Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur / Ce monde rayonnant de métal et de pierre / Me ravit en extase, et j’aime à la fureur / Les choses où le son se mêle à la lumière. »

À Pforzheim, au Schmuckmuseum, jusqu’au 26 février 2010

+49 7231 39 21 26 – www.schmuckmuseum-pforzheim.de

 

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