Scènes d’automne en Alsace 2023 : Natacha Steck et Catherine Umbdenstock

Cie You’ll never walk alone - Un jour, j'irai à Tokyo avec toi © Agence culturelle - Vincent Muller

Sept spectacles sont à l’affiche de Scènes d’automne en Alsace, dont un manga théâtral de Natacha Steck et une nouvelle adaptation d’Hamlet, mise en scène par Catherine Umbdenstock.

Parmi les pièces sélectionnées cette saison dans Scènes d’automne en Alsace, les cinq lieux porteurs du festival soutiennent particulièrement Un jour, j’irai à Tokyo avec toi ! L’histoire conte l’essor du manga en France, depuis les années 1970, à travers huit membres d’une même famille. « Le manga et l’anime sont des arts très vivantsce qui donne un jeu vraiment physique », sourit sa créatrice, Natacha Steck. Au début, le plateau est nu. Les décors colorés et l’éclairage au néon arrivent progressivement, comme si tout partait d’une page blanche. Telle une rétrospective, les années défilent autour du foyer, donnant corps aux héros littéraires de chaque génération. Lorsque l’édition du genre s’impose dans l’Hexagone, courant 1990, elle l’illustre en recréant les planches de séries iconiques comme Lady SnowbloodSlam Dunk et Pluto. Autre façon de nous immerger dans cette culture japonaise : réadapter en direct certains thèmes incontournables, à l’image de Street Fighter 2 Turbo. Lors d’une séquence mettant en scène un combat de sumo, la musique se trouve revisitée avec flûte traversière, guitare, caisse claire, clavier et autre ocarina. Face à un tel foisonnement créatif, les acteurs se glissent dans plusieurs rôles. Dans le cas de la saga de basket Slam Dunk, les personnages sont réunis sous le nom du héros, Sakuragi, existant à travers le petit-fils. « Celui-ci grandit tout au long de l’œuvre, évoluant au fil des années, en même temps que les protagonistes des mangas, qui passent symboliquement d’une génération à une autre », explique le comédien Hugo Seksig Garcia.

« Et le reste est silence »
Dans un autre registre, Catherine Umbdenstock retravaille Hamlet, d’après une nouvelle traduction commandée à Dorothée Zumstein. L’intrigue commence au pied des immenses remparts du château danois d’Elsenor, au milieu de soldats. « Les adaptations d’Hamlet se concentrent souvent plus sur le côté dramatique que politique », analyse la metteuse en scène. « Certes, son père est tué et sa mère se remarie, mais il hérite aussi d’un royaume déchiré. Ici, le sujet de la guerre est un élément central », insiste-t-elle« La situation politique du pays est instable, ce qui est d’autant plus intéressant car cela fait écho à notre monde actuel. »

Six interprètes se partagent une quinzaine de personnages, certains tirant profit de leurs compétences musicales. L’actrice d’Ophélie, l’amoureuse éconduite, est également une harpiste hors pair. Tout d’abord romantique, sa mélodie laisse peu à peu place à des sonorités guerrières, signant sa chute dans la folie. Punk, rock, rap et electro sont aussi présents, « jusqu’à ce qu’à la fin, ne résonne plus que le silence. »


À La Comédie de Colmar, La Filature (Mulhouse), Le Créa (Kingersheim), L’Espace 110 (Illzach) et La Coupole (Saint-Louis) du 7 au 10 novembre

Un jour, j’irai à Tokyo avec toi ! de Natacha Steck au Théâtre La Coupole (Saint-Louis) le 7 novembre, puis en 2024 en tournée dans le cadre du festival Momix (Kingersheim) le 7 février, à Nest (Thionville) du 11 au 13 avril, à La Manufacture (Nancy) du 23 au 25 mai et à L’Espace 110 (Illzach) le 11 octobre

Hamlet de Catherine Umbdenstock à La Comédie de Colmar du 8 au 10 novembre et au TAPS Scala (Strasbourg) du 5 au 9 décembre

vous pourriez aussi aimer