Masques

Monika est un diptyque haletant en forme de thriller pavé de faux semblants se déployant dans une atmosphère chargée d’érotisme.

La romancière Thilde Barboni et le dessinateur Guillem March (prolixe auteur espagnol pour DC Comics d’épisodes de Batman ou de Catwoman) proposent un étonnant diptyque en bande dessinée. Le point de départ de Monika est l’envie de sa scénariste d’évoquer « une jeune femme aux personnalités multiples, une femme fragile ne pouvant s’exprimer qu’une fois fardée, maquillé » et de réaliser « un thriller énigmatique qui plonge ses racines dans une relation d’amour / haine entre deux sœurs ». Opération pleinement réussie dans ces deux albums où une plasticienne glamour rencontre un homme politique charismatique et séducteur en diable, tandis qu’elle planque son meilleur pote, petite génie de l’informatique pourchassé par des Japonais auxquels il a volé un doigt bionique pour fabriquer une créature hybride qui tient autant de l’être humain que de la machine. Vous ajoutez la sœur de notre artiste, mystérieusement disparue, une organisation terroriste voulant ressusciter l’Occident, les Brigades Crucis et un groupe de rock, les Vanilla Dolls, et vous obtenez un scénario complexe où, peu à peu, les masques tombent. Les deux albums sont innervés d’un érotisme lancinant. Les corps sont hyper-sexués. Ultra-sexy sont également les vêtements de cuir que portent les filles, tandis que la chute de reins de notre héroïne ne déparerait pas un opus signé Serpieri. Certaines scènes se déroulent dans une boîte échangisto-chic nommée Eleusis, rappelant l’atmosphère de la scène la plus célèbre d’Eyes Wide Shut de Kubrick dans des atmosphères chromatiques (traitées en couleurs directes) sourdes et fascinantes. Et ces ambiances étranges contribuent à la réussite de ces deux albums…

Les deux tomes de Monika (Les Bals masqués et Vanilla Dolls) sont parus chez Dupuis (14,50 € chacun)

www.dupuis.com

 

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