Il était une fois…

© Marc Mesplie

Dans Double-croche et Sortilèges, Jean-Jacques Fdida et le jazzman Jean-Marie Machado convoquent le merveilleux à l’état brut pour redonner toute sa dimension à une tradition orale remontant à la nuit des temps : le conte.

Attention, pas question avec Jean-Jacques Fdida de sucre d’orge et d’eau de rose. Walt Disney et ses mièvres adaptations peuvent repasser. Ce Strasbourgeois d’adoption a soutenu voilà vingt ans sa thèse de doctorat sur le conte de tradition orale. Autant dire qu’il sait de quoi il parle quand il s’amuse à réécrire ces histoires nées de la culture populaire. « D’abord il y a l’exploration des sources. Dès le XVIIIe siècle, la tradition orale ayant tendance à disparaître, des ethnologues et des folkloristes ont entrepris un collectage de ces contes. Aujourd’hui je fouille dans les bibliothèques poussiéreuses, à leur recherche », confie-t-il. Dans Double-croche et Sortilèges, il réveille ainsi des histoires tombées dans l’oubli, comme L’Oiseau de vérité, mais propose aussi une version authentique du Petit Chaperon rouge, très différente du conte « qu’on croit connaître ». Pendant une heure hors du temps, le conteur livre à l’oreille du spectateur, de sa voix profonde et caressante, trois ou quatre souvenirs de cet inconscient collectif. « C’est un univers merveilleux que chacun porte en soi. Nous en sommes tous dépositaires. » Même si les titres ne disent plus grand-chose, on reconnaît pourtant des motifs familiers : à l’apparition de la princesse, chacun se doute déjà qu’un prince va devoir la sauver ; si un dragon surgit, tous savent qu’il aura affaire à un preux chevalier. « Les spécialistes considèrent qu’il existe 350 contes types, avec toujours les mêmes structures qui reviennent. Le plus révélateur de l’universalité des contes, c’est qu’on retrouve les mêmes histoires dans les différentes cultures du monde, aussi bien en Afrique qu’en Asie ou en Europe. C’est la richesse de son contenu qui fait qu’un conte parvient à traverser le temps », explique l’artiste. Homme de parole s’il en est, Jean-Jacques Fdida invite depuis toujours la musique à rejoindre ses mots, pour mieux « articuler l’émotion ». Le spectacle est un duo avec le pianiste et compositeur Jean-Marie Machado dont l’univers musical mêle jazz et sonorités du monde. Brillant improvisateur, il apporte une autre voix aux fictions magiques de son complice. Autour d’eux, dans un espace nu, la lumière subtile tient lieu de décor, accompagnée seulement d’une chandelle et d’un escalier, symbole du passage omniprésent dans les contes traditionnels. En continuel mouvement, bondissant et tournoyant, Jean-Jacques Fdida ouvre les portes de l’imaginaire et celles de notre humanité.

À Saint-Louis, à La Coupole, mardi 7 octobre (à partir de 8 ans)

03 89 70 03 13 – www.lacoupole.fr

 

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