Écolonirique

Fable écolo-philosophique, le dernier album de Bilal fait fi de toute narration traditionnelle pour proposer une errance explorant La Couleur de l’air.

Avec cet opus, Enki Bilal clôture la trilogie entamée avec Animal’z qui s’était poursuivie avec Julia et Roem : ce “cycle du Coup de Sang” – du nom du dérèglement climatique brutal qui s’est abattu sur la terre dans un futur indéterminé – s’appuie sur les éléments, la mer pour débuter, puis la terre et enfin l’air. Au fil des planches, l’auteur montre à nouveau sa maestria technique mêlant crayon gras et acrylique, dessin et peinture, dans une saga visuellement étourdissante qui accompagne le lecteur au cœur d’une palette de bleus extraordinairement vaste. Quant à l’histoire, elle ressemble à une variation onirico-poétique sur la destinée de notre monde : dans un ciel chargé de menaces, alors que le monde tel que nous le connaissons n’existe plus, flotte un Zeppelin appelé Garbage – qui porte parfaitement son nom, puisqu’il transporte des déchets nucléaires et des armes atomiques – peuplé d’un étrange équipage où l’on rencontre deux couples improbables, Anders Mikkeli et Esther Roblès et deux jumelles orphelines citant Bakounine ou Nietzsche. Au fil des pérégrinations de l’aéronef, on croisera quelques personnages présents dans les tomes précédents, Ana et Lester, Bacon et son dauphin hybride, Julia, Roem et Lawrence. Ils semblent tous converger vers une même destination. Si l’intrigue – mot impropre à vrai dire – demeure confuse et parsemée de zones d’ombre, c’est sans doute que Bilal a souhaité accompagner son lecteur dans une errance rêveuse et abstracto-philiosophique et le faire réfléchir sur l’état de la Planète bleue. Il faut donc se laisser flotter sur cette Arche de Noé jusqu’à une conclusion surprenante – en forme de pirouette humoristique – où le vert refait son apparition qui rappelle certaines utopies seventies. Une nouvelle ère va s’ouvrir. Si c’est pas sûr, c’est quand même peut-être…

La Couleur de l’air est paru chez Casterman (18 €)

www.casterman.com

Rencontre avec Enki Bilal à Strasbourg, à L’Aubette, samedi 8 novembre à 16h, dans le cadre du Forum mondial de la Démocratie

www.librairie-kleber.com

 

vous pourriez aussi aimer