3è oeil

© Léa Jiqqir

Chant slave, lamentations pieuses, mantras soniques, drinking songs amères… Matt Elliott, artiste anglais installé à Nancy, produit une musique sacrée tout en considérant la religion comme « une connerie ». Entretien cash.

Pourquoi Nancy plutôt que Bristol ?
C’est ma vie privée. Peu importe où j’habite : Nancy me va très bien et je passe mon temps à voyager, alors…

Vous travaillez avec d’autres musiciens, mais la solitude semble être la condition idéale pour la création ?
J’aime être seul, mais je me suis rendu compte que je ne suis tout simplement pas doué pour certaines choses. J’ai donc lentement constitué une petite équipe de personnes en laquelle j’ai confiance. Je suis très chanceux de travailler avec David Chalmin, mon ingénieur du son, Raph Seguinier à la batterie, Jeff Hallam à la contrebasse (et accompagnateur de Dominique A), Maxime Tisserand et sa clarinette et Gaspar Claus et son incroyable violoncelle.

Vous avez principalement deux projets – Matt Elliott et Third Eye Foundation (né à l’époque des débuts de Massive Attack ou de vos amis Portishead) – qui parfois se mêlent, notamment sur The Mess We made, mélangeant folk et spirales electro…
En fait, ce sont deux façons de travailler très différentes. Je n’aime pas trop la dernière fondation Third Eye, elle est trop sombre, mais compte-tenu de certains événements de ma vie, je comprends pourquoi… Ceci dit, les deux projets émergent du plus profond de mon âme.

La pochette de Failing songs montre une sorte de pietà… Êtes-vous croyant ?
Ma mère l’a toujours été, mais je me méfie de la religion. Enfant, j’étais traumatisé par la notion d’enfer ! La musique est très mystérieuse : nous ne savons pas pourquoi nous la créons ni comment elle transmet de l’émotion, parfois aux larmes, à travers le temps et les cultures. En réalité, l’image ornant Failing songs a été inspirée à l’artiste, Vania Zouravliov, par le sort des communards…

La musique peut-elle politiquement faire bouger l’ordre des choses ?
La musique a sans aucun doute changé la société, elle l’a façonnée. Mais je suis partagé : est-il plus que nécessaire d’être politique ou faut-il utiliser la musique comme mode d’évasion dans ce monde en profonde crise ?

Regrettez-vous le « Sarko enculé » sur La Mort de la France ?
Non, c’était ce que je ressentais à l’époque. Il s’agissait de rompre la tension, mais les choses ne vont pas beaucoup mieux aujourd’hui…


À La Médiathèque de Vendenheim (Merve Salgar & Ross Heselton en première partie), vendredi 10 mai
mediatheque.vendenheim.fr

À La Maison de la Culture et des Loisirs de Gérardmer (Thomas Schoeffler jr en première partie), samedi 11 mai
mclgerardmer.fr

Réédité par Ici d’Ailleurs
icidailleurs.com

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