Voyage d’automne

© Gilles Abegg / Opéra de Dijon

En cinq concerts sur instruments d’époque, les Schubertiades de l’Opéra de Dijon proposent une promenade en terre romantique, entre extases symphoniques, joyaux chambristes et délicatesses vocales.

Déjà du temps du vivant du compositeur (1797-1828), une Schubertiade désignait un ensemble de représentations de ses pièces, parfois dans des espaces privés. Au XXe siècle, le terme en est venu à décrire une manifestation consacrée à Schubert. S’ils sont nombreux dans l’aire germanique (au cœur du Vorarlberg autrichien, près de Karlsruhe, à Ettlingen, etc.), de tels événements sont plutôt rares en France… Dijon nous en offre un qui débute par ses deux Trios pour piano et cordes (05/11) interprétés par un ensemble de choc formé de spécialistes de ce répertoire, le violoniste David Grimal (en résidence à Dijon avec son ensemble Les Dissonances qui fête ses dix ans), la violoncelliste Anne Gastinel et le pianiste Philippe Cassard. Écrites peu avant la mort d’un compositeur qui se sait condamné, ces partitions sont représentatives de l’énergie titanesque qu’il déploie alors, la première baignant paradoxalement dans un climat heureux, comme si la musique était devenue l’ultime catharsis de ses échecs successifs – professionnels et sentimentaux –, tandis qu’une ombre douloureuse flotte sans cesse sur la seconde. De la même période date sa monumentale Symphonie n°9 “La Grande” qui sera interprétée par Anima Eterna Brugge et Jos van Immerseel (14/11). Dans un programme tout en contrastes, elle voisine avec la Symphonie n°2, œuvre de jeunesse lumineuse.

Un autre concert symphonique (avec le SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, 19/11) rassemble deux quatrièmes symphonies, dont la célèbre “tragique”, un qualificatif peu adapté à la substance de cette pièce, une des plus gaies de son auteur, qui renvoie plutôt à la situation personnelle de Schubert, alors en pleine dépression. En parallèle, on entendra la Symphonie n°4 de Mahler, partition intimiste et gracieuse qui hésite entre insouciance sereine et ironie mordante, fort éloignée des grandes arches sonores pour lesquelles le compositeur est fameux. Autre temps forts, deux concerts où alternent pages chambristes et Lieder, le premier autour de La Truite (13/11) et le second avec la Fantaisie pour piano à quatre mains comme pivot (14/11). Au final l’on obtient un passionnant portrait polyphonique en cinq parties.

À Dijon, à l’Auditorium, du 5 au 19 novembre

03 80 48 82 82 – www.opera-dijon.fr

 

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