Les Aventures de Lydia Jacob racontées par Raymond-Émile Waydelich

À Strasbourg, Raymond-Émile Waydelich poursuit sa Lydia Jacob Story dans une exposition protéiforme, à l’image de cet inoxydable artiste alsacien.

Raymond-Émile Waydelich à l'Estampe
Raymond-Émile Waydelich à l’Estampe : “Le Pêcheur”

Ce qui est extraordinaire avec Raymond-Émile Waydelich (né en 1938), c’est qu’on reconnaît ses œuvres au premier coup d’œil, même si l’artiste, qui représenta la France à la Biennale de Venise 1978, fait feu de tous bois. La raison ? Sans doute que toute sa création est placée sous le signe de Lydia Jacob depuis de longues années. Lydia qui ? Flashback : Strasbourg 1973. « À l’époque, j’explorais l’abstraction géométrique. Mais pas quelque chose d’austère, des toiles lyriques qui pouvaient faire penser à des villes vues de haut. Je me souviens très bien de ce jour. Il y avait un marché aux puces sur les quais et je passais en voiture. Je me suis arrêté. On pouvait encore se garer comme des princes [Rires]. En fouillant dans un carton, est apparu un cahier d’écolier de format A4 rassemblant quelques dessins au trait, des choses très simples, comme la découpe d’un col réalisée avec une grande finesse », se remémore l’artiste. Il est l’œuvre d’une certaine Lydia Jacob, apprentie couturière à l’école de Pliezhausen, à côté de Stuttgart. Et le malicieux plasticien de “s’associer” avec celle qui devient son alter ego artistique, “co-créatrice” de son corpus, muse, complice et bien plus encore. Il lui imagine promptement un arbre généalogique, dont les ramures explorent le temps et l’espace, où se trouvent photographe, pêcheur professionnel, ébéniste du cardinal de Rohan au XVIIIe siècle, militaires, archéologue… Une dernière profession que notre homme aurait rêvé d’embrasser. À défaut, il a fondé l’archéologie du futur, discipline scientifico-artistique schliemannesque en diable, incitant à réfléchir à ce que laissera notre monde aux générations à venir.

Céramiques crétoises, terrines de porcelaine blanche vernissées, aquagravures en stock, Memory Paintings jouant avec les maîtres de l’histoire, décors pour l’opéra imaginaire Heidi, sculptures animales, maquettes de bateaux réa- lisées avec des pièces de récup’, aspirateurs et autres machines à laver en marbre de Carrare, boites reliquaires… Cet inventaire à la Prévert pourrait se poursuivre ad libitum. Est-ce à dire que l’œuvre de l’artiste alsacien a la semblance d’un cabinet de curiosités ? Voilà définition séduisante, mais qui trouve rapidement ses limites, puisque son corpus tire sa profonde unité de cette Lydia Jacob Story réalisant le grand écart entre questionnements universels et ancrage dans la terre rhénane… dont le bestiaire fait d’un cortège de créatures griffues et dentues, menaçantes parfois, souriantes bien souvent, est devenu familier aux amateurs d’art des deux côtés du Rhin.

Lydia Jacob Story, “Le Christ” (aquagravure), Raymond-Émile Waydelich

À L’Estampe (Strasbourg) du 17 septembre au 8 octobre
estampe.fr

> En partenariat avec Parcus, une œuvre in situ de Raymond-Émile Waydelich sera visible à Strasbourg, sur le parking Saint-Nicolas (à partir du 16/09) – parcus.com

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