Ceux qui restent : La Nuit t’arrache à moi de Nanténé Traoré

Maison d’édition strasbourgeoise, Gorge Bleue publiait début janvier La Nuit t’arrache à moi, poème au long cours de Nanténé Traoré. Portraitiste sensible et photographe documentant les pratiques d’auto-hormonisation chez les personnes transgenres, il évoque ici le deuil et la perte de son compagnon dans des pages débordant d’amour, provocations et fuites en avant. Il féconde les souvenirs, provoque le destin, dérive entre fantasmes de plaisir et de douleur, armé de pudeur face aux flots intarissables des failles intimes. « Je suis l’enfant qui rêve./ Je suis la meute qui se taille./ Je suis la blessure et le champ de bataille, je suis le dernier des loups./ Je suis ce qui survit sous les décombres.» Hanté par la question du regard des autres – comble du photographe –, le “je” se frotte au “toi” comme à une lame chauffée à blanc, qui fascine autant qu’elle brûle, et consume. Finalement le “moi” advient : « moi j’ai pas peur je sais déjà./ avant toi c’était déjà toi./ avant moi c’était déjà toi./ tu me perdures, c’est dur,/ d’exister comme ça./ hors la vie et hors de toi. »


Édité chez Gorge Bleue (16 €)
gorgebleue.fr

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