Musée Würth : Bach to basics

Samuel Aznar © Tony Trichanh

Avec Jean-Sébastien Bach pour figure tutélaire, la sixième édition de Piano au Musée Würth propose un programme en forme de savant dosage entre virtuoses en herbe et talents confirmés.

«S’il y a un compositeur universel, c’est bien Jean-Sébastien Bach, l’alpha et l’oméga pour de nombreux interprètes », résume Olivier Érouart. Et le directeur artistique de Piano au Musée Würth, qui a placé le cru 2022 de l’événement sous son (très) haut patronage, de citer ensuite, mutin, la célèbre phrase de Cioran : « Sans Bach, la théologie serait dépourvue d’objet, la Création fictive, le néant péremptoire. S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu. » Voilà aphorisme exploré par Élisabeth Brisson dans une conférence mise en son par Pierre Rouinvy (12/11, 16h), espoir du clavier qui étudia avec Amy Lin. On retrouve cette dernière pour un récital (13/11, 14h) où des transcriptions d’extraits de cantates tutoient Schumann, Beethoven et Liszt, dont la diabolique Mephisto Waltz, hésitant entre envoûtantes séductions et trépidations effrénées. Voilà fascinante réponse aux envolées séraphiques du Cantor de Leipzig. Tout aussi teinté de romantisme est le concert d’Adam Laloum (11/11, 20h), qui détourne le thème du festival en jouant Schubert et Schumann avec Scènes d’enfants et Carnaval. On apprécie particulièrement cette pièce, où est esquissée une géniale galerie de portraits en évolution constante, dans laquelle sont placés des personnages de la Commedia dell’arte (Arlequin, Pierrot ou Colombine), mais également le compositeur lui-même – sous les traits d’Eusebius et Florestan –, son aimée Clara ou encore Chopin et Paganini. Autre virtuose de la partie, Laurent Cabasso (11/11, 17h) propose un programme 100% Bach où étincellent trois Toccatas, « musiques particulièrement vivantes et contrastées, tout sauf austères, laissant une grande place à l’improvisation et à la fantaisie, passant de la plus grande virtuosité jubilatoire à des épisodes lyriques ou méditatifs dans des récitatifs souvent bouleversants », résume-t-il.

Musée Würth : Laurent Cabasso © DBB
Musée Würth : Laurent Cabasso © DBB

Impossible de citer ici l’intégralité d’un programme multiforme, mais impossible également de ne pas mentionner le futur (très) grand qu’est Can Çakmur (12/11, 20h) – qui fera notamment découvrir Passacaille, Intermezzo et Fugue de Dimitri Mitropoulos, immense chef et compositeur passionnant – et Samuel Aznar (13/11, 11h) dont le récital s’ouvre et se ferme par une transcription de Bach par Saint-Saëns. Est aussi au menu Au gré des Ondes, six délicates miniatures signées Henri Dutilleux. Pour clôturer le festival, on quitte le clavier pour la guitare de Thibault Cauvin (13/11, 18h) qui propose une géniale excursion : nuits électroniques berlinoises, méditations tokyoïtes, chevauchées dans la steppe mongole, extases anatoliennes et voyage intérieur dans les partitions de Bach.


Au Musée Würth (Erstein), du 11 au 13 novembre
musee-wurth.fr

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