Seule avec Bach

© Felix Broede

À Luxembourg puis à Strasbourg, Isabelle Faust livrera sa version éminemment inspirée du monument « d’une beauté et d’une perfection calligraphiques » que sont les Sonates et Partitas pour violon seul de Jean-Sébastien Bach.

Pour Isabelle Faust, les Sonates et Partitas pour violon seul (BWV 1001-1006) que Jean-Sébastien Bach écrivit en 1720 font figure d’alpha et d’oméga du répertoire dédié à son instrument. « Elles m’accompagnent depuis mes débuts musicaux et constituent un fondement quotidien indispensable pour aborder l’ensemble de la littérature violonistique. Leurs exigences techniques et spirituelles sont pour moi une condition préalable qui permet de jouer toutes les œuvres écrites ultérieurement pour cet instrument et rend légitime qu’on les aborde » explique la virtuose (en résidence à l’OPS cette année) qui en a donné, il y a peu, une version discographique de référence (parue chez Harmonia Mundi). Sur la pochette du premier CD, elle apparaît dans une tenue et une attitude évoquant un art martial extrême-oriental. Son interprétation donne un éclairage singulier à cette image : d’une profonde justesse, elle se coule avec élégance et finesse dans des partitions ardues faisant preuve d’une profonde intimité avec l’œuvre, la magnifiant et pénétrant au plus profond de ses arcanes sans y projeter son ego de manière inutilement ostentatoire.

Dès lors, sa définition du verbe “interpréter” ne nous surprend guère : « Ce qui m’intéresse est de connaître ce qui sous-tend une écriture. Il faut en savoir le plus possible, tenter de comprendre pourquoi, en son temps, telle pièce a choqué le public, par exemple. J’essaie donc de me documenter au maximum afin de pouvoir lire entre les lignes de la partition, tout en y injectant ma propre personnalité. C’est dans cette alchimie complexe que réside le secret d’une interprétation réussie. » Preuve en sera donnée sur scène grâce à la merveilleuse sonorité de son Stradivarius “La Belle au bois dormant” de 1704 – un des douze au monde encore pourvu de son manche d’origine – ainsi surnommé car il avait dormi près d’un siècle et demi dans le grenier d’une villa allemande avant qu’Isabelle Faust ne s’en empare : « Lorsque je l’ai essayé pour la première fois, la fascination a été immédiate, même s’il n’était évidemment pas “ouvert” tout de suite. J’ai du réveiller les notes petit à petit et cela a mis six ou sept ans pour qu’il sonne de manière lumineuse. »

À Luxembourg, à La Philharmonie, jeudi 3 octobre
+352 26 32 26 32 – www.philharmonie.lu
À Strasbourg, à la Cité de la musique et de la danse, samedi 24 mai 2014
03 69 06 37 06 – www.philharmonique.strasbourg.eu

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