Le festival Démostratif décortique les psychoses familiales
Dédié aux arts scéniques émergents, Démostratif revient pour une huitième édition placée sous le signe des psychoses familiales.
« La famille est le premier cercle social dans lequel on évolue. Il est plus ou moins heureux et violent. On ne choisit pas dans laquelle on tombe, donc je trouve que c’est aussi la première source d’injustice dans le rapport aux autres », explique Sacha Vilmar, directeur artistique de Démostratif. « À 28 ans, c’est un sujet qui me fascine et me donne envie de m’interroger. » Depuis huit ans, le jeune homme réalise que les thématiques du festival tournent souvent autour de la peur et de l’angoisse : « Faire du théâtre est une façon de regarder ça en face, de décortiquer ces sujets et de briser le silence qui les entoure. » Malgré l’impact des coupes budgétaires – pour la première fois, il n’y a par exemple pas d’artiste complice intervenant dans l’organisation et montant spécialement une œuvre pour l’occasion, comme Théophile Dubus l’an dernier –, la programmation n’en reste pas moins riche et variée. Parmi les 23 spectacles, deux créations demeurent pilotées en collaboration avec La Pokop. « Ce dispositif existe depuis deux ans », ajoute le directeur artistique. Dans Deux ou trois choses dont je suis sûre (03/06, La Pokop, à partir de 14 ans), la compagnie strasbourgeoise L’Onde adapte le roman éponyme de Dorothy Allison, autrice américaine victime d’inceste. « Même si l’on en parle de plus en plus, le thème des violences sexuelles et physiques sur les enfants est toujours quelque chose de très tabou. » Sur une scène en tri-frontal recouverte de tatamis, le public est invité à se plonger dans cette histoire et ses répercussions à travers un trio de jeunes femmes enveloppées de kimonos, « une façon supplémentaire de raconter la violence », souligne Sacha Vilmar.
La seconde création, De l’autre côté, le Monde (04/06, Le Studium, à partir de 8 ans), explore quant à elle les souvenirs gardés dans une maison familiale. L’homme qui y a grandi n’arrive pas à la quitter, entraînant les spectateurs dans une déambulation et un jeu de marionnettes au milieu des placards, du grenier ou de la cave, à la recherche des secrets et autres jours (mal)heureux. Beaucoup plus ubuesque, Oh mère (06/06, Le Portique, à partir de 12 ans) suit les aventures sans paroles d’une fille et de sa mère aristocrate refusant d’accoucher (depuis plusieurs années !), mais qui décide d’adopter deux orphelins mal-en-point à la recherche d’un refuge… et qui viennent de tuer leurs parents. Quant à Appartement témoin (03 & 04/06, Village du festival, à partir de 12 ans), « il s’agit d’un spectacle immersif joué en continu, durant lequel six spectateurs se relaient dans un fourgon et écoutent des gens dans un logement mis sur écoute. En les observant, on comprend qu’il y a des violences dans la famille, et on se retrouve à enquêter », conclut Sacha Vilmar.
À La Pokop et sur le campus Esplanade de l’Université de Strasbourg du 3 au 7 juin demostratif.fr
> Lectures, concerts et ateliers (initiation à la caricature des membres de sa famille…) sont aussi au programme