Le festival Arsmondo se penche sur les mondes slaves

© Karl Forster

Porté par l’Opéra national du Rhin, le pluridisciplinaire Arsmondo se penche cette année sur les mondes slaves, avec pour point d’orgue une mise en scène du Conte du Tsar Saltane signée Dmitri Tcherniakov.

En écho à une actualité brûlante, l’édition 2023 du festival Arsmondo propose une plongée dans les mondes slaves, comme une réponse à la Russie qui « utilise la culture comme une arme. Mais faire l’impasse sur ce pays et bannir les oeuvres russes serait évidemment une erreur », affirme le directeur de l’Opéra national du Rhin, Alain Perroux, qui souligne les « équilibres complexes à l’oeuvre dans la programmation ». Mêlant expositions – dont la remarquable À l’image et à la dissemblance de l’Espace Apollonia – et cinéma, avec un cycle dédié aux films ukrainiens contemporains (04 & 11/05, Star), l’événement affirme avec force son caractère pluriel. Y sont aussi proposées conférences (notamment sur la politisation du rock en Biélorussie, 04/05, BNU), performances chorégraphiques, à l’image de Swan Lake Solo (05 & 06/05, L’Aubette), ou encore une journée dédiée aux enfants (14/05, Grenier d’abondance). Parmi les nombreux concerts, on notera un dialogue chambriste entre la musique tchèque de Dvořák et des pièces du compositeur bulgare contemporain Tsenko Minkin, assorti de thèmes folkloriques slaves par des musiciens de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg (12/05, Opéra).

Arsmondo : Conte du Tsar Saltane © Karl Forster
Festival Arsmondo : Conte du Tsar Saltane © Karl Forster

Mais le gros morceau du festival est sans conteste la mise en scène iconique réalisée par Dmitri Tcherniakov du Conte du Tsar Saltane de Rimski-Korsakov. L’immense metteur en scène russe – qui a notamment décapé Le Vaisseau fantôme à Bayreuth et propose un incroyable Guerre et paix de Prokofiev à Munich – revisite l’œuvre féérique adaptée de Pouchkine, dont on connaît généralement uniquement Le Vol du bourdon, interlude orchestral devenu un tube. Complexe, l’histoire est celle d’un souverain qui répudie son épouse, persuadé par ses méchantes soeurs qu’elle a enfanté un monstre. Condamnée à être jetée à la mer dans un tonneau, elle s’en sort, débarque sur une île magique, où elle élève seule le tsarévitch. Vous suivez ? Bon, la suite est aussi dense, mais on va faire simple : jeune homme, il est devenu un souverain respecté et un héros qui sauve une “princesse cygne”. Il va alors partir en quête de ses origines… Chez Tcherniakov, la mère est célibataire, le garçon autiste. Il joue avec des figurines qu’on croirait sorties d’une illustration d’Ivan Bilibine, utilisées pour lui faire comprendre sa situation. Entre féérie et désenchantement, le metteur en scène – qui aime questionner nos sociétés à l’aune des thérapies psychiques – fait une fois encore mouche…

Festival Arsmondo

À l’Opéra, au Star, à la BNU, etc. (Strasbourg) jusqu’au 14 mai
operanationaldurhin.eu
> Le Conte du Tsar Saltane est à voir à l’Opéra de Strasbourg (05-13/05) puis à La Filature de Mulhouse (en version de concert, 28/05)

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