Into the wind

Félix Vallotton, La poudreuse, 1921 Huile sur toile, 82 x 100 cm Collection particulière

Avec Semer à tout vent, le Kunsthaus Zürich revient sur l’effervescence et le désir de rupture des twenties. Un désir de monde d’après.

Endiablés. Voici l’image que l’on se fait des swings de Joséphine Baker. C’est aussi l’atmosphère qui illustre
le rythme des années 1920. Après-guerre, la société se modernise et glisse vers la consommation des ménages. Elle voit, par exemple, apparaître les loisirs pour le monde ouvrier et les balbutiements de l’électroménager qui révolutionnent les intérieurs. De nouveaux styles artistiques et architecturaux émergent. Jazz, Art déco, Modernisme ou encore Dada… Dans ce bouillonnement, les villes, elles, croissent. La Cuisine de Francfort de l’architecte Margarete Schütte-Lihotzky, popularise un espace séparé des habitations ouvrières et sociales, qu’il faut rendre attractif. Les recherches et procédés d’optimisation sont influencés par le Taylorisme, alors en vogue dans l’industrie. Cette énergie d’un monde en mutation, que l’on retrouve dans le Bauhaus, s’exerce dans les projets de l’architecte Ludwig Mies van der Rohe. Pour faire face à la crise du logement qui sévit en Allemagne, les unités d’habitation s’adaptent à la taille et aux exigences des familles. L’ossature du bâtiment devient métallique, déplaçant ainsi les murs porteurs vers l’extérieur et permettant la malléabilité des intérieurs.

Cette adaptabilité se retrouve dans le mobilier de Le Corbusier. Designer de la modernité, il réalise un modèle d’assise en 1928, avec ses collaborateurs Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand. Intitulé Fauteuil Grand Confort, il est composé de tubes d’acier et de coussins amovibles en cuir. Présentées au Salon d’Automne de Paris en 1929, leurs recherches, autour d’un programme composé de casiers, chaises et tables, aboutissent à une production industrialisée. Décliné en un petit et grand modèle, l’usage du fauteuil devient partie intégrante du design de mobilier et lui donne vie. Le grand modèle, d’avantage conçu pour les femmes qui croisent leurs jambes, accaparant plus d’espace que sa version réduite, imaginée pour la position droite des hommes, change le rapport de force des sexes. L’architecture et le mobilier accompagnent et s’adaptent aux évolutions des villes, des ménages et à leurs usages. Ces innovations scientifiques et artistiques témoignent d’une période où l’expérimentation est au cœur des processus. Au fil de l’exposition, les œuvres sont présentées par thématiques socio-culturelles et non par genre (Surmonter le traumatisme de la guerre, Ivresse du mouvement, etc.). Des artistes contemporains, comme Thomas Ruff et son travail photographique, opèrent des ponts esthétiques et thématiques avec cette époque, pour rappeler que les réalités sociales et économiques du passé ne sont jamais loin.


Au Kunsthaus (Zürich),
du 3 juillet au 11 octobre
kunsthaus.ch

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