Commedia dell’arte

© Franck Beloncle (photo de répétition)

Entre références à la tradition italienne et esthétique musicale néo-classique, Pulcinella de Stravinski déploie ses charmes méditerranéens sous la baguette de Marko Letonja, dans une mise en scène de Julie Brochen.

Cette production de Pulcinella (Polichinelle en VF) est l’exemple réussi de la collaboration entre différentes institutions culturelles strasbourgeoises chère à Marko Letonja, directeur musical de l’OPS qui s’efforce de multiplier passerelles et projets communs. Avec la complicité des jeunes chanteurs de l’Opéra Studio de l’Opéra national du Rhin, l’Orchestre s’est associé au TNS pour présenter le ballet de Stravinski mis en scène par l’ancienne directrice de l’endroit, Julie Brochen qui définit ainsi le personnage : « Dans la mythologie grecque, Pulcinella descend de Protée et de Pan. Du premier, il a hérité le don de changer à loisir de forme et de visage. Du second, il a hérité son lien avec la nature. Il est à la fois l’œuf et le poussin, la boucle parfaite et qui pourtant n’est jamais que l’esquisse de lui-même et de tous les possibles. Il est tout ce qui est en nous : homme, femme, animal… Dès qu’on pense le cerner, il se transforme, évolue, se multiplie. Bref, il est à la fois très “codifié” – dans sa représentation masquée traditionnelle – et insaisissable. »

Sur le plan musical, la partition de 1920 (commandée par les Ballets russes de Diaghilev) peut être considérée comme une “version latine” de Petrouchka. Se servant de certaines œuvres anciennes (de Pergolèse, principalement), le compositeur russe nous entraîne dans un maelström méditerranéen burlesque et bouffon dans lequel l’auditeur ne connaît guère de répit. Étape importante dans la carrière du créateur, cette page marque un retour vers le néo-classique. Stravinski en parlait en effet ainsi : Pulcinella « fut une découverte du passé, l’épiphanie grâce à laquelle l’ensemble de mon œuvre à venir devint possible. C’était un regard en arrière, certes, la première histoire d’amour dans cette direction-là mais ce fut aussi un regard dans le miroir. »

À Strasbourg, au TNS, du 11 au 18 octobre
03 88 24 88 24 – www.tns.fr
03 69 06 37 06 – www.philharmonique.strasbourg.eu

vous pourriez aussi aimer