Aristocracy in UK

Somptueux nouvel album et tournée internationale : Marianne Faithfull, fille de bonne famille qui a connu des sommets et des plus bas que terre, est bien plus qu’une icône des sixties. Portrait.

Abbey Road, 1966. Guitare, basse, batterie, tambourin, voix, carillons et sifflets se mêlent. On entend même une fanfare passer. Au milieu de volutes faisant tourner les têtes, les Beatles plongent et partent en vadrouille dans leur sous-marin jaune. John, Paul et les autres ont embarqué quelques amis. Parmi eux, une magnifique sirène aux cheveux clairs et longs. Chemisier col Claudine, jupe mini et lunettes de soleil king size en équilibre sur la tête. Yeux en amande riants ceints de taches de rousseur. Marianne Faithfull incarne à elle seule le Swinging London dans tous ses éclats colorés. Elle se pend au bras de son boyfriend, Mike Jagger, qui lui a offert une jolie chanson, A Tears go by, deux ans auparavant. Les jeunes Rolling Stones, considérant cette romance trop fleur bleue pour figurer dans leur répertoire, s’empresseront de la reprendre, suite au carton de la chanteuse – et actrice, vue notamment auprès de Delon – qui enchaînera les succès.

Après le soleil pop, les nuages viennent assombrir le ciel radieux de cette beauté fatale à la Nico (Marianne lui dédicacera un titre sur Kissin’ Time) : les seventies sont un long tunnel ténébreux pour elle. Sexe, drogue et descente aux enfers. Aujourd’hui, Faithfull regarde cette décennie avec distance et philosophie, jugeant qu’il s’agissait d’une “expérience”, aussi néfaste fut-elle.

En 1979, après plusieurs rehabs, celle dont la voix s’est métamorphosée après des années de nicotine, refait surface avec Broken English. Sur la couverture de ce disque très personnel, elle apparaît clope à la main, comme aveuglée par une lumière bleutée. Celle des spotlights et des flashs qui lui ont brûlé les ailes ? On y entend des chansons pour sorcières, du reggae électrique ou encore un grinçant hommage au prolétariat (et à Lennon) avec sa relecture synthétique de Working Class Hero. L’égérie des 1960’s déchue, tel le Phœnix, vient de renaître. Suivront, des compos cabaret rock trahissant sa passion pour Kurt Weill, de magnifiques titres chantés des larmes dans la voix et de prestigieuses collaborations, toutes générations confondues : Nick Cave, Roger Waters, Étienne Daho, Cat Power, Jarvis Cocker ou Beck lui ont prêté main forte. L’héroïne qui chanta Sister morphine fête aujourd’hui un demi-siècle de poignantes mélodies avec un album précieux – Give my Love to London – et une tournée. Elle s’apprête à partager sa mélancolie avec un public accroché à ses airs éraillés et éternels.

Suite à un problème de santé , Marianne Faithfull a annulé sa tournée !

Give my Love to London, édité par Naïve

www.naive.fr

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