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Anni Albers se dévoile à Berne dans Constructing Textiles

Anni Albers Knot, 1947, Foto: Tim Nighswander / Imaging4Art © 2025 The Josef and Anni Albers Foundation/ProLitteris, Zurich

Au Zentrum Paul Klee, Constructing Textiles emporte le visiteur  dans l’univers d’Anni Albers, figure majeure de l’abstraction.

Si Anni Albers (1899-1994), qui intègre le Bauhaus en 1922, se dirige vers l’atelier de tissage, ce n’est pas un choix de cœur, mais une nécessité, les femmes y étant instamment « invitées ». À Weimar, où l’école est alors installée, elle est profondément marquée par l’enseignement de Paul Klee – qui demeure toute son existence une influence majeure – et sa manière de combiner des abstractions d’essence géométrique avec des formes organiques naturelles et de jouer avec les couleurs… même si pour son diplôme, elle imagine un revêtement mural marron d’une grande frugalité esthétique, dont une des faces absorbe les sons et améliore l’acoustique, tandis que l’autre reflète la lumière. L’innovation restera une constante au fil de sa carrière avec l’utilisation de cellophane, de fils de métal, etc. Plus tard, elle déclarera : « Perdre de vue la finalité pratique n’est pas nécessairement une perte, car un résultat qui n’est pas pratique peut se convertir en art. » Moins connue que son mari, Josef (1888-1976), avec qui elle forme un couple phare du XXe siècle – à qui le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris dédia une présentation essentielle, en 2021 –, Anni est redécouverte depuis quelques années, et cette exposition constitue un jalon majeur dans ce processus.


La force plastique des créations de l’artiste doit beaucoup aux traditions textiles précolombiennes qu’elle découvre dès 1933 (année où elle émigre aux États-Unis pour enseigner au Black Mountain College), au cours d’un voyage la menant du Mexique au Chili, en passant par le Pérou. En témoigne Ancient Writing (1936), immense tapisserie – qui tient aussi des toiles de Klee –, fascinante abstraction se déployant dans un camaïeu sombre tout en équilibres / déséquilibres ayant la semblance d’un jeu de construction d’une profonde harmonie. Le visiteur est aussi scotché par des œuvres qu’elle qualifiait de « pictorial weavings » (tissages picturaux), comme Six Prayers (1965-66), hommage aux millions de victimes de la Shoah : universel, ce mémorial de l’Holocauste est d’une puissance extraordinaire et l’on demeure longtemps hypnotisés devant ces six stèles aux teintes sourdes, où dominent les beiges et les bruns. Si le tissage, à l’inverse de la peinture, est contraint par la grille du métier, Anni Albers semble libérer son geste avec des entrelacs où des nœuds apparaissent – une lithographie comme Line Involvement II (1964) en est un bel exemple –, créant de métaphoriques pelotes qui rappellent la célèbre phrase de Paul Klee, toujours lui : « Une ligne est un point qui part en promenade. »


Au Zentrum Paul Klee (Berne) du 7 novembre au 22 février 2026
zpk.org

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