Les derniers jours de Marie Stuart par Chloé Dabert, à la Comédie de Reims

Marie Stuart © Marie Liebig

Directrice de la Comédie de Reims, Chloé Dabert monte l’un des épisodes les plus marquants de l’Histoire britannique : les derniers jours de Marie Stuart, reine d’Écosse. 

Votre création adapte la pièce éponyme écrite par Schiller en 1800, qui revient sur l’emprisonnement de Marie Stuart, accusée de comploter contre la reine Elisabeth Ire. Comment l’avez-vous découverte ? 
Je remonte en effet son oeuvre, sur laquelle je suis tombée en cherchant des ouvrages plus classiques. En 2022 et en 2023, j’ai travaillé sur les textes anglais contemporains Le Firmament et Rapt (voir Poly no 263 ou sur poly.fr) de Lucy Kirkwood. J’avais donc envie d’autre chose. Et puisque Le Firmament est un gros spectacle avec une grande distribution, des costumes d’époque et une scénographie contemporaine, je souhaitais continuer de travailler sur ce genre de grand format, avec une écriture cinématographique et de beaux costumes, car on n’en voit plus tant. Cela fait du bien d’avoir de tels spectacles. Marie Stuart est une pièce historique, il y a des intrigues parallèles, des personnages principaux féminins qui sont de très beaux rôles… Je la trouve aussi très actuelle dans sa traduction.

Quelle est la trame de ce récit ? 
Marie Stuart, reine d’Écosse et catholique, est emprisonnée depuis vingt ans par la reine d’Angleterre Elisabeth Ire, protestante. Marie fuit d’abord son pays et pense trouver refuge chez sa cousine souveraine, mais elle est finalement enfermée. Pendant toutes ces années, on lui attribue régulièrement des coups d’État et on la soupçonne de nourrir des prétentions sur le trône. Une tentative de trop va faire basculer son destin et elle sera accusée de complot. L’histoire se passe quelques jours avant sa mise à mort, revient sur le dilemme d’Elisabeth au palais avec, en toile de fond, le conflit entre l’Écosse et l’Angleterre.  

Marie Stuart © Marie Liebig


Sur scène, comment transposez-vous l’action ? 
La scénographie est ultra contemporaine, comme une suite au Firmament. L’univers est donc assez froid et sombre, sans décors historiques ou réalistes, ce qui crée une confrontation entre les costumes d’époque, inspirés par le XVIIe siècle, La Reine Margot ou d’autres films, et l’esthétique de la mise en scène. La moitié du temps, on est dans une prison, quand l’autre partie se passe dans le palais, chez les protestants, qui sont quasiment tous en noir. Il n’y a donc pas de fioritures, la lumière sculpte beaucoup les espaces. Elisabeth est toutefois plus excentrique. À un moment donné, un Français apporte aussi une petite touche de couleur. Visuellement, on ne retrouve pas la maladie de peau de la reine anglaise, qui n’est d’ailleurs pas avérée, mais c’est vrai qu’elle se cache et se masque énormément. C’est un véritable personnage de théâtre. 

Les décors n’étant pas réalistes, la prison n’est donc, par exemple, pas montrée explicitement ? 
Sa représentation l’évoque assez clairement, mais il n’y a pas de jeu de lumières concret. Les tableaux sont davantage visuels et graphiques. Comme chez Schiller, chaque acte correspond à l’une des protagonistes, puis à l’autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce que les deux ensembles se rencontrent. 


À la Comédie (Reims) du 2 au 9 octobre 
lacomediedereims.fr 

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