Y a-t-il un Fip pour sauver la FM ?

Fip le prouve depuis 40 ans : on peut être exigeant et populaire à la fois. Pendant que la radio souffle ses bougies, intrusion dans les studios strasbourgeois.

Depuis juillet 2010, la sérénité semble enfin revenue chez Fip Strasbourg. Durant un an et demi, les rédactions provinciales (Fip est diffusée dans dix villes, mais il n’y a que quatre rédactions à Paris, Bordeaux, Nantes et Strasbourg) de la radio ont vu leur temps d’antenne réduit de moitié, passant de douze à six heures quotidiennes. On a voulu museler les fipettes ? C’était sans compter les (nombreux) accros à la station, auditeurs, partenaires culturels ou politiques. 8 000 signatures collectées, plus de 1 000 personnes présentes à la soirée de soutien organisée et un retour à la normale en juillet. Les six animatrices strasbourgeoises sont à nouveau au micro, de 7h à 19h, pour susurrer infos culturelles et bons tuyaux sur des musiques sélectionnées par les six programmateurs parisiens.

Bison futé

Créée le 5 janvier 1971, France Inter Paris naissait avec pour mission de donner des informations concernant le trafic. Petit à petit, les antennes de province voient le jour. La circulation routière prend moins d’importance, contrairement aux plans “sorties”. La prog musicale, éclectique et ouverte sur la world, privilégie la découverte. « Nous ne sommes pas tenus à des accords commerciaux », souligne fièrement Véronique Hilaire, coordinatrice de Fip Strasbourg, lancée il y a 33 ans. « La relation qui se noue avec l’auditeur est primordiale », dit, d’un timbre duveteux, cette ex-présentatrice, regrettant un peu le grisant du direct. Les animatrices sont castées pour leur disposition à parler des manifestions culturelles et leur voix… qui nourrissent beaucoup de fantasmes. À Fip, on ne compte plus les appels d’amoureux pétrifiés, voire de tordus agités.

Station to Station

Dans les années 2000, sous la présidence de Jean-Marie Cavada, les rédactions de Lille, Marseille, Metz, etc. sautent, pour des raisons budgétaires, évidemment. Aujourd’hui, « comment légitimer un réseau alors que nous ne sommes plus que trois irréductibles Gaulois ? », questionne la responsable. La capitale va-t-elle faire entendre sa suprématie ? Au contraire, le directeur de Fip souhaiterait – idéalement – remettre les équipes des fréquences passives en place et prévoir une intervention mensuelle en local. Véronique envisage déjà une captation du concert de Youn Sun Nah (le 6 février au Cheval Blanc) tout en planchant sur le “décrochage strasbourgeois” (le 28 janvier de 7h à 13h) prévu lors des festivités de la quarantaine. « On y croit, à la proximité ! Les auditeurs (365 000 auditeurs quotidiens, en moyenne, sur toute la France en 2009 / 2010) accompagnés dans leur quotidien, sont très attachés à Fip. Il n’y a rien de semblable dans le paysage radiophonique actuel. » Une réelle complicité, une programmation que l’on voudrait parfois moins frileuse (« avec d’avantage d’electro »), mais vraiment riche, non formatée, sans pollution publicitaire. Une radio « humaine » qui fait tache « dans une société très individualiste ». Un bel anniversaire.

Fip Strasbourg sur 92.3

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