Vous avez dit discreet ? Brian Eno par l’Ensemble Dedalus

Jeudi soir, dans le cadre du Festival Musica, l’Ensemble Dedalus plongeait aux racines de l’ambient avec Discreet music, hommage puissant au Britannique Brian Eno.

Par Marina Walewska – Photo de Christophe Chaverou

Pour un concert répondant au nom de Discreet Music, il aura bien su faire parler de lui ! En témoigne la file d’attente amassée jeudi 22 septembre au soir sur le trottoir de l’église Saint-Paul, à Strasbourg. De 7 à 77 ans – ou plus – les spectateurs là réunis venaient non pas pour l’orgue, mais plutôt pour les notes planantes qui s’apprêtaient à résonner sur les vitraux du majestueux édifice néogothique. À gauche de la scène, l’étagère des cantiques, vide, faisait pâle figure face au puissant tourbillon sonore auquel le public a pu assister. Au milieu de la nuée d’instrumentistes altiers, le piano, soudain, ouvrit le bal avec l’ostinato de Music for Airports, dont le compte-goutte musical s’amplifia avec l’arrivée d’autres cordes. En quelques instants, l’hypnotique ambiance était plantée.

Brian Eno revisité par l'Ensemble Dedalus
Brian Eno revisité © Christophe Chaverou

Le bourdonnement des cuivres entra alors dans la danse, immergeant les oreilles attentives dans un Thursday Afternoon à l’irrésistible effet apaisant. Les coussins à disposition du public ajoutaient encore à cette prodigieuse invitation à la somnolence composée en 1985 par l’expérimentateur britannique de génie, et l’on vit certains s’allonger pour mieux profiter de la transe. Ceux qui eurent la bonne idée de garder néanmoins les yeux ouverts et une partie de leur esprit alerte découvrirent sur la scène une guitare électrique et un saxophone prêts à prendre le relais. Les autres, errant avec tout autant de bonheur entre la veille et le rêve, purent s’émerveiller au son nostalgique d’une boîte à musique dont le cliquetis de la manivelle renvoyait chacun aux heures tendres de son enfance, achevant de créer une surréaliste atmosphère d’état second collectif, entre syndrome de Stendhal et madeleine de Proust. En d’autres termes, ce fut splendide !


Festival Musica (Strasbourg) jusqu’au 2 octobre

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