Tomorrow Never Die

En dédiant une de ses salles à des œuvres d’artistes contemporains, le Musée des Beaux-Arts de Mulhouse nous invite à penser Aujourd’hui pour demain.

Au rez-de-chaussée du bâtiment de la place Guillaume Tell, prennent place depuis le 17 mars les installations de six artistes montants de la scène occidentale. En tête d’affiche, le roumain Mircea Cantor, découvert dans la région lors de Romance sans paroles, il y a deux ans à la Kunsthalle de Mulhouse. Lauréat du prestigieux prix Marcel Duchamp[Il récompense les artistes français ou résident en France, pour leur permettre d’acquérir une plus grande visibilité internationale – www.adiaf.com] en 2011, l’artiste présente Airplanes and Angels (2008) : un tapis fait main d’un mètre cinquante sur deux mètres cinquante, suspendu au-dessus de nos têtes. Ce tapis volant mélange des motifs traditionnels – il a été tissé par des femmes de Botiza, ville de l’ancienne Transylvanie – et des icônes religieuses (des anges blancs) et guerrières (des silhouettes de bombardiers). Cette subtile mais non moins directe critique de la société contemporaine, de ses penchants violents et belliqueux, mais aussi de ses “pieuses” justifications, renvoie dos à dos groupes terroristes et pays va-t’en-guerre de “l’axe du bien”, comme du mal.

La question du détournement traverse aussi le travail de Janek Simon. Ses quatre modules en bois (Visualisation of the catastroph theory, 2009) illustrent la théorie de la catastrophe selon laquelle d’infimes modifications géométriques produisent des désordres irrémédiables. Ses architectures d’une trentaine de centimètres de haut, prennent des atours de vieilles bâtisses aux volumes détonants, proches de l’écroulement. Cette réalité modifiée se retrouve dans l’installation de Jessica Stockholder. Une chaise et une table, vissées au sol comme les objets du quotidien (vase, verre…) sur le plateau, voisinent avec des découpes aux emplacements d’ustensiles manquants, traces d’un passé révolu, d’un souvenir disparu. L’ensemble, recouvert d’aplats de peinture, convoque l’enfance dans une distorsion de la réalité et de son appréciation. Une humble – mais non moins intéressante – première proposition dans le cadre d’Aujourd’hui pour demain, qui donne envie de découvrir la suite…

À Mulhouse, au Musée des Beaux-Arts jusqu’au 3 juin
03 89 33 78 11 – www.musees-mulhouse.fr
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