Stupeur et tremblements

© Laurent Khrâm Longvixay

Avec Burning Bright de Hugues Dufourt, Les Percussions de Strasbourg vont enflammer Luxembourg, entraînant l’auditeur au cœur d’un surprenant et multiforme continent sonore.

Entre le compositeur septuagénaire Hugues Dufourt et Les Percussions de Strasbourg ce fut le coup de foudre en 1977 avec Erewhon, vaste page trépidante pour six percussionnistes et 150 instruments irriguée par une énergie incroyable. Les années ont passé après cette première rencontre fulgurante : un peu moins de quarante ans plus tard est né Burning Bright, écrit pour célébrer le 50e anniversaire de la formation alsacienne. Découverte en septembre au cours du festival Musica, la pièce sera mise en lumière pour la première fois par Enrico Bagnoli à Luxembourg, dans le cadre de rainy days, festival qui fête ses quinze ans d’existence avec pour thème Switch the light on. Les spectateurs pourront aussi y découvrir Scriabine en artiste lumière, Schönberg en explorateur de couleurs, John Cage cinéaste ou encore Yves Klein compositeur.

Avec Burning Bright, dont le titre est emprunté à The Tyger de William Blake (1757-1827), Hugues Dufourt se rapproche du poète anglais qui « exalte le choc des contraires, véritable matrice du monde et condition originaire de toute manifestation de la puissance créatrice. Le conflit primordial de “l’innocence” et “l’expérience”, ces deux états extrêmes de l’âme humaine » traverse la partition d’étincelante manière. Sur scène, les six percussionnistes cognent, effleurent ou frictionnent, utilisant un instrumentarium multiforme ultra développé allant des classiques gongs et tambours aux créations les plus surprenantes. Ils convoquent un spectre de matières inouï pour produire du son, du cuivre au baquet rempli d’eau, en passant par un large éventail de baguettes. Le spectateur est irrésistiblement attiré dans cet univers fait de multiples possibles sonores, de la soudaine et violente déflagration au délicat et presque imperceptible glissement métallique. Chacun vit une expérience incandescente, aspiré dans un tunnel d’un peu plus d’une heure d’un seul tenant, conçu comme « un immense adagio à la manière de Bruckner », selon le compositeur qui définit son œuvre comme « un drame sans récit ni anecdote, une forme qui s’engendre et recherche son unité au travers de secousses telluriques ».

À Luxembourg, au Théâtre national du Luxembourg, jeudi 27 novembre dans le cadre du festival rainy days (du 26 au 30 novembre)
+352 26 32 26 32 – www.philharmonie.lu
www.rainydays.lu
www.percussionsdestrasbourg.com

À Saint-Louis, à La Coupole, mardi 20 janvier
+33 (0)3 89 70 03 13 – www.lacoupole.fr

vous pourriez aussi aimer