Repin sans répit

Photo de Gela Megrelidze

Le Concerto de Glazounov avec l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, puis un rendez-vous chambriste : voilà deux occasions de découvrir l’art délicat du violoniste Vadim Repin.

Rarement violoniste a fait sonner son instrument (le Stradivarius Rode de 1733) avec tant de sensibilité et de délicatesse : à l’âge de la maturité, Vadim Repin est incontestablement un des plus grands de la planète. Certains voient même en lui la réincarnation du mythique David Oïstrakh. Il est vrai qu’avec cette alliance de discipline absolue et de brillance, il s’en montre le digne héritier, conforme à l’image que s’en faisait l’immense Yehudi Menuhin qui déclarait : « Tout simplement le meilleur, le plus parfait des violonistes qu’il m’ait été donné d’entendre ». Avec l’OPS placé sous la direction de la coréenne Shiyeon Sung, le natif de Novossibirsk joue le Concerto de Glazounov (05 & 06/03), compositeur qui n’a certes pas la célébrité de son contemporain Tchaïkovski (dont sera donné, en clôture de concert la Symphonie n°4 nimbée de douleur et d’angoisse), mais dont le corpus se révèle passionnant, à l’image de cette partition complexe, où l’incandescence le dispute à la gaieté. Quelques influences folkloriques sont également perceptibles, notamment lorsque le violon se métamorphose en balalaïka : l’occasion pour le virtuose de briller et d’explorer la profondeur d’une œuvre éminemment russe. Le voyage se poursuit avec un concert de musique de chambre (07/03) pour lequel Vadim Repin partage la scène du PMC avec ses compatriotes, le violoncelliste Alexander Kniazev et le pianiste Andrei Korobeinikov. Ensemble, ils donnent un programme 100% russe débutant par le Trio pour piano et cordes n°2 de Chostakovitch, page élégiaque de 1944 dédiée au musicologue Ivan Sollertinski. « C’était mon meilleur ami, le plus cher de tous. Je lui dois d’être devenu ce que je suis. Il va m’être incroyablement difficile de vivre sans lui. En raison de circonstances extérieures, nous ne nous sommes pas beaucoup vus ces dernières années, mais j’étais heureux de savoir qu’Ivan Ivanovitch vivait parmi nous, avec son intelligence pénétrante, sa conception du monde et son énergie. Sa mort m’a porté un terrible coup », écrit-il à sa veuve. C’est également un hommage que rend Tchaïkovski dans son Trio pour piano et cordes “à la mémoire d’un grand artiste”, comme un tombeau pour le pianiste Nikolaï Rubinstein dont il était très proche. Voilà pièce funèbre qui répond à la précédente dans sa puissante tristesse.


Au Palais de la Musique et des Congrès (Strasbourg), du 5 au 7 mars
philharmonique.strasbourg.eu

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