Rainy Days ou rêver d’autres mondes

Christophe Sietzen © Alfonso Salguiero

Forum international pour la musique contemporaine au Luxembourg, rainy days invite à un incroyable voyage avec une 21e édition prenant pour axe directeur out of this world.

Avec 21 concerts, performances et installations (comme Sleep Laboratory, voyage onirique au coeur de réalités virtuelles de l’iconique Alexander Schubert, 26/11, La Philharmonie), dont 16 créations, rainy days convie à prendre la tangente, histoire de découvrir des sphères lointaines, utopiques et imaginaires. « Plus que tout art, la musique est capable de nous transporter dans d’autres univers ou d’en créer de nouveaux. La musique contemporaine a toujours eu comme objectif de créer ou de révéler de nouveaux mondes sonores, que ce soit avec des techniques de jeu inhabituelles, de la technologie de pointe ou simplement une imagination débridée », résume l’équipe du festival. Le concert d’ouverture est un beau témoignage de ce credo : avec Subnormal Europe (17/11, Théâtre des Capucins), éblouissant opéra pour une chanteuse, la contralto Noa Frenkel, et un ingénieur du son (Sebastian Schottke, jouant son propre rôle dans une session d’enregistrement), Óscar Escudero et Belenish Moreno-Gil questionnent l’histoire des médias audio et visuels depuis 1860, lorsqu’Édouard-Léon Scott de Martinville réalise le premier enregistrement d’une voix humaine grâce au phonautographe. Entre performance, théâtre musical et jeu vidéo en 3D, le spectacle plonge dans un monde sursaturé de données. Où se trouve la vérité ? Existe-t-elle ? Un document n’est-il pas toujours le document d’un document ? Esthétiquement fascinante, l’oeuvre est aussi souvent… effrayante.

Rainy days, Sleep Laboratory
Rainy days, Sleep Laboratory

Au fil des soirées, se déploient Zeugen (19/11, La Philharmonie), proposition géniale de Georges Aperghis sur des textes de Robert Walser avec des marionnettes de Paul Klee, Ionisation (22/11, La Philharmonie), concert percussif acousmatique, le ciné-concert de Semlja d’Alexander Dowschenko (20/11, La Philharmonie) ou encore un lumineux hommage à Helmut Lachenmann (20/11, La Philharmonie) où brillent trois stars : le clarinettiste Mark Simpson, le violoncelliste Jean-Guihen Queyras et le pianiste Pierre-Laurent Aimard. Sous la direction de Brad Lubman, l’Orchestre philharmonique du Luxembourg (25/11, La Philharmonie) crée une oeuvre de Mark Andre entrant en résonance avec Čvor, déflagration sonore de Milica Djordjević ou Sori, hommage de Younghi Pagh-Paan à la force créatrice des femmes dans la culture populaire coréenne. Enfin, impossible de ne pas citer Le Noir de l’Étoile de Gérard Grisey (27/11, La Philharmonie), écrit pour et interprété par Les Percussions de Strasbourg. On demeure sidérés face à cette pièce pour six percussionnistes, bande magnétique et transmission in situ de signaux astronomiques, qui transporte le public dans les sonorités cosmiques des pulsars – étoiles à neutrons en rotation dont les ondes magnétiques peuvent être transformées en ondes sonores – métamorphosés en espaces intérieurs.

Rainy days

À La Philharmonie et dans d’autres lieux de la ville (Luxembourg) du 15 au 27 novembre
rainydays.luphilharmonie.lu

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