Quoi d’neuf, dok ?

Récemment inauguré sur la presqu’île Malraux, Le Shadok, espace dédié aux nouvelles technologies, se tourne vers l’avenir, les pieds ancrés dans le passé industriel de Strasbourg. Découverte de cette “fabrique du numérique”.

À proximité de la Médiathèque André Malraux, ancien silo réhabilité par Ibos & Vitart, s’édifie un lieu novateur situé dans un autre cadre historique reconverti : Les Dock’s. Ce bâtiment de 1930, ex-entrepôt industriel Seegmuller, accueille aujourd’hui des logements, l’European Communication School, des établissements de restauration ou Le Shadok. Réalisée par le cabinet d’architecture et d’urbanisme Heintz-Kehr, cette bâtisse « conserve la rhétorique portuaire » du domaine, selon les mots de Georges Heintz. Elle garde sa silhouette d’origine et mêle, tel un « cadavre exquis », les briques caractéristiques, le métal et le verre.

Le Shadok est un lieu consacré à l’expérimentation, la création et la culture liée aux nouveaux médias. Occupant 2 000 m2 du bâtiment, il investit trois niveaux. Au rez-de-chaussée (500 m2), se trouve un Salon, lieu d’expositions, de rencontres et d’animations, et le Sha’com O resto, pour prendre un verre et grignoter dans un cadre dépouillé et contemporain. Au sol : une chape de béton cirée et vitrifiée. Aux murs : des plaques de tôle d’acier traitées à l’acide pour un effet brut et indus’. Au premier étage (1 000m2), il y a L’Atelier Résident (pour les résidences), La Boîte à Questions (un espace ressource) ou le FabLab (laboratoire de fabrication ouvert à tous) animé par AV.Lab, permettant de réaliser des prototypes d’objets grâce à un équipement de pointe, et Le Plateau, vaste espace d’expos. Enfin, le second étage (500m2), géré par l’association Alsace Digitale, est dédié au coworking et à la production audiovisuelle. Le Shadok mêle entreprises et associations, auto-entrepreneurs et graphistes, designers et artistes qui sont amenés à croiser leurs talents.

Responsable, Géraldine Farage évoque un lieu d’expérimentations, un outil permettant à « chacun de découvrir les usages que l’on peut avoir des technologies », de manière ludique ou insolite, par exemple via une installation interactive et autres détournements artistiques. Le Shadok est à la fois un endroit de croisement « pour une créativité nouvelle » – entre geeks de l’informatique, hackers, économistes, designers, architectes… – et un service public où chacun peut tester des innovations, comme l’imprimante 3D qui nourrit bien des fantasmes créatifs. Ce “tiers lieu” (comparable à la Gaîté Lyrique parisienne) « prospecte sur les techniques de demain, les manières de construire la ville. C’est un site de réflexion permanente sur l’évolution de la cité », assure Géraldine Farage qui a convié Luc Schuiten a en être l’artiste associé (sa résidence a donné lieu à l’exposition Cités Végétales, du 20 mars au 7 juin) dans sa période de préfiguration, dès février 2014, avant son ouverture au public en avril 2015. « Il a imaginé ce que la ville pourrait devenir dans un futur idéal, si on faisait le choix d’une cité écologique et responsable. »

Le créateur et architecte belge (frère de François, le dessinateur de BD) expose son utopie : « Il s’agit de représenter le monde dans lequel j’aimerais vivre. Notre vision du futur reste très liée aux technologies et on se prive des possibilités qu’offre la nature alors que nous vivons dans un vaste organisme vivant. » Ainsi, il a imaginé une mégalopole où les façades de briques seraient remplacées « par des enveloppes vivantes qui interagissent avec les saisons et le climat » permettant des habitations saines, « produisant l’énergie nécessaire à leur fonctionnement ». Sa démarche pour aboutir à ses architectures organiques (par exemple Les Nids de Palerme, sortes de cocons pendus aux arbres, réalisés avec le concours des élèves de L’ENSAS) ? Il puise dans ses nombreux concepts, puis « jette des graines en l’air et observe si ça pousse ou non », nous confie-t-il. Pour lui, le Shadok est un terrain idéal pour faire germer ses idées, comme son portique en bambou à Leds, prochainement installé à l’entrée de la bâtisse. Un bel exemple de dialogue entre passé industriel, monde végétal et futur numérique.

Le Shadok

25 Presqu’île André Malraux

à Strasbourg

03 68 98 70 35

www.shadok.strasbourg.eu

À voir

Les Abords du Shadok : installation (permanente) du portique en bambou à Leds de Luc Schuiten, à découvrir en juin

Le Tram de la Cité végétale : habillage d’un tram strasbourgeois avec des stickers conçus par Luc Schuiten, à découvrir en juin www.vegetalcity.net

Et aussi

Les 24h de l’illustration, événement présenté par Central Vapeur, les 11 & 12 juin (invité d’honneur : le collectif italien Inuit)

www.centralvapeur.org

 

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