The dance must go on : 4e édition de la Quinzaine de la danse

Quiet © Guto Muniz

Après plusieurs reports, la quatrième édition de La Quinzaine de la danse verra (enfin) le jour à l’aube de la nouvelle année. Focus sur deux productions emblématiques. 

En 2017, l’Espace 110 initiait La Quinzaine de la danse, temps fort consacré à la création chorégraphique contemporaine. Depuis, La Filature de Mulhouse et le CCN Ballet de l’Opéra national du Rhin se sont alliés au projet. Au programme de l’édition 2022, des grands noms de la scène actuelle et des figures émergentes, des pièces de répertoire et des créations, le tout enrichi par des projections cinématographiques, expositions, ateliers et rencontres. Nouvelle création d’Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, EX-POSE(S) (11/01, Espace 110) est un double duo chorégraphique, pour deux femmes puis deux hommes. Pour point de départ, deux sculpteurs influents du XXe siècle : l’un est français, Henri Laurens, l’autre sénégalais, Ousmane Sow. En ce sens, les codirecteurs de VIADANSE (Belfort) perpétuent la démarche personnelle qu’ils prônent depuis trente ans : tisser des liens entre des mondes que tout semble parfois opposer, l’Occident et l’Orient, telle une forme d’universalisme. Du premier, ils ont conservé deux œuvres, La Petite musicienne (1937)et La Petite Espagnole (1954), d’où nait une composition chorégraphique magnifiant les formes féminines. De sculptures vivantes émerge un langage corporel entre férocité et fragilité, fantaisie et sensualité. Du second, ils ont puisé dans le Couple de lutteurs corps à corps (1988) afin de construire un duo masculin, métaphore de la lutte des hommes. Les danseurs se rencontrent, se confrontent, se mesurent l’un à l’autre, se familiarisent.

Chaque pièce arbore une esthétique minimaliste offrant « un accès sans filtre aux interprètes, aux détails, à la vibration des corps et à leur charge expressive », confient les chorégraphes. Dans un tout autre univers, Quiet (en photo, 18 & 19/01, La Filature) chorégraphié par Arkadi Zaides, plonge au cœur d’une atmosphère profondément physique et âpre, allégorie des tensions qui habitent depuis longtemps son pays, Israël. Au plateau, quatre danseurs. Deux sont juifs et deux sont arabes, érigeant la scène au statut de mise en abyme du conflit israélo-palestinien. Les corps, soumis à de violentes tensions, se battent et se débattent, agonisent et souffrent, tentent, parfois, de s’apprivoiser et de s’étreindre. Par sa pratique chorégraphique, Zaides construit un espace bienveillant, une « zone de sécurité » où chacun est libre d’exprimer ses démons intérieurs, comme pour les exorciser. Un spectacle au carrefour de la division et de la réunion, de la haine et de l’amour, du désespoir et de l’espoir. Le calme (Quiet), pendant la tempête. 
Par Lucie Chevron


À l’Espace 110 (Illzach), à La Filature, au cinéma Bel Air, au gymnase Maurice Schoenacker, au gymnase de la Caserne Drouot et au complexe sportif de la Doller (Mulhouse) du 11 au 29 janvier
lafilature.orgespace110.org

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