Paul-Élie Dubois et ses Itinéraire(s) à Montbéliard

Musiciens arabes, 1923, don de la famille Dubois, 2022, collection Musées de Montbéliard // Arabische Musiker, 1923. Schenkung der Familie, 2022. Sammlung Musées de Montbéliard

En présentant plus de deux cent vingt tableaux de Paul-Élie Dubois, Montbéliard commémore les Itinéraire(s) d’un peintre voyageur.

Voilà presqu’un siècle qu’aucune rétrospective ne s’est penchée sur les réalisations de Paul-Élie Dubois (1886-1949). Comme le dit Barbara Gouget, commissaire d’exposition et directrice adjointe du Musée du Château des ducs de Wurtemberg, « la dernière remonte à son vivant, dans les années 1940 ! » Le temps est donc venu de dépoussiérer la riche production de cet enfant du pays, particulièrement connu pour son travail de la lumière et ses huiles sur toile du Hoggar, massif montagneux du Sud de l’Algérie. Cette année célèbre d’ailleurs le centenaire de ses périples au Maghreb, durant lesquels il croque ses Musiciens arabes, gigantesque peinture de trois mètres de long représentant le quotidien de trois interprètes algériens, jouant du bendir et du hautbois dans la commune de Bou Saâda. Les tons mauves et bleutés ainsi que les rayons lumineux transparaissant derrière les personnages conduisent l’œuvre au succès, puisqu’elle remporte le prix national du Salon des artistes français, en 1923. Autre spécificité de cette présentation : pour la première fois, cette œuvre se retrouve associée à son pendant, Paix dans la lumière, également récompensée par le prestigieux prix parisien.

Paul-Élie Dubois : Paix dans la la lumière
Paul-Élie Dubois : Paix dans la la lumière

Réparti en cinq sections, le parcours de visite retrace le cheminement artistique du peintre, de ses racines jusqu’à ses voyages méditerranéens, en passant par ses seize ans de vie parisienne et la fascination qu’il a vouée à sa première femme, « sa muse, l’un de ses meilleurs modèles », selon Barbara Gouget. La création de Fiancée (1912) est assez étonnante, « Paul-Élie Dubois ayant eu une vision, la veille de ses fiançailles, ce qui l’a poussé à faire poser Jeanne Chabod devant un décor confectionné sur mesure. » L’omniprésence du blanc et de ses nuances dissimule presque un petit écrin bleu, ouvert sur un coin de la table, abritant la bague de leur union et symbolisant le songe en question. Plusieurs autres portraits de son épouse sont à retrouver, notamment La Solitude, œuvre inachevée sur laquelle l’auteur n’a eu de cesse de revenir, « signe de l’exigence qu’il s’impose et qu’il nous semble intéressant de mettre en lumière. » Autre passage phare de l’exposition : la reconstitution d’un atelier, dont le modèle s’inspire de ceux qu’il investit au fil de ses pérégrinations, simultanément et dans quatre villes différentes. Table, chaise, valises, malle de transport, photos en noir et blanc… la plupart des objets sélectionnés font partie de son héritage et représentent, chacun, des lieux dans lesquels il s’est installé. Impossible de ne pas s’arrêter devant le chevalet sur lequel il pousse son dernier soupir, en pleine confection de son ultime ouvrage, Les Pommes rouges.

Paul-Élie Dubois : Fiancée ou Harmonie en blanc, 1912, Collection privée
Paul-Élie Dubois : Fiancée ou Harmonie en blanc, 1912, Collection privée

Au Musée du Château des ducs de Wurtemberg (Montbéliard) jusqu’au 29 octobre
montbeliard.fr

> Réalisation de sculptures de sable géantes par Benoît Dutherage sur l’esplanade du Château, inspirées des voyages de Paul-Élie Dubois, du 8 au 13 juillet (sculptures visibles jusqu’en septembre)

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