Nature & Culture

Photo de Geoffroy Krempp pour Poly (Chemical plant n°1 et n°2)

Dans le cadre de la Biennale internationale du verre, découvrons les œuvres de l’artiste néerlandaise Caroline Prisse dans deux expositions, l’une monographique à La Chaufferie, et l’autre collective au Musée Würth.

Toutes les œuvres de Caroline Prisse reposent sur une volonté simple, celle de tisser « des liens entre ce qui est créé par la main de l’homme et ce qui est créé par la nature ». Un de ses matériaux de base est la verrerie utilisée dans les laboratoires. Avec des tubes et des ballons – qui servent aux chimistes à essayer de comprendre la structure du vivant – elle recrée des plantes arachnéennes se déployant en complexes arborescences translucides et argentées dans la salle d’exposition. Ces fragiles forêts de verre oscillent entre l’artificiel – celui de leurs composantes élémentaires – et le naturel de ce qu’elles sont supposées “représenter”. Cette ambiguïté se retrouve dans des titres possédant plusieurs lectures possibles. Ainsi Chemical plant pourrait signifier, au premier degré, “plante chimique” mais est généralement traduit par “usine chimique”. Toujours cette même dualité…

Comme le personnage central de La Carte et le territoire de Michel Houellebecq, l’artiste se sert, dans un autre volet de sa création, de cartes routières comme matière première. Elles représentent « notre capacité à associer une pure abstraction et le réel le plus tangible » mais sont aussi significatives de la dialectique artificiel / naturel et de la possibilité de les faire se rapprocher – si ce n’est coïncider – dans l’esprit humain. Caroline Prisse découpe la carte, la colle sur un support et l’accole à une planche anatomique représentant la circulation sanguine. Les deux réseaux sont proches, tellement proches… « J’essaie de m’interroger sur l’idée que la nature dépendra de plus en plus de l’homme, qu’elle jouera simplement un rôle dans notre environnement manipulé. Je veux mettre en évidence la manière dont le corps humain se comportera face à cette situation », explique l’artiste. Au-delà de toute tentative de compréhension cependant, les œuvres de la plasticienne font sens par elles-mêmes et entrainent le visiteur, même celui qui n’en a pas le “mode d’emploi”, dans un univers intriguant où la délicatesse et la fragilité des matériaux utilisés donnent une singulière force à l’ensemble.

À Strasbourg, à La Chaufferie, jusqu’au 17 décembre
03 69 06 37 77 – www.esad-stg.org

À Erstein, au Musée Würth (dans le cadre de l’exposition Éclats), jusqu’au 4 mars 2012
03 88 64 74 84 – www.musee-wurth.fr
www.carolineprisse.nl

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