Musée des Trois Pays : L’Appel à la liberté

Liberté (Journal), Caricature, 1830, Collection DLM

Revenant sur les Révolutions de 1848-49 en Allemagne, France et Suisse, L’Appel à la liberté questionne aussi les variations contemporaines du concept.

Le parcours de cette exposition tripartite débute par une description de ce que fut le “printemps des peuples” de 1848 : « Jamais on ne vit un mouvement révolutionnaire d’une telle ampleur et une aussi grande effervescence », rappelle Jan Merk, nouveau directeur du Musée des Trois Pays de Lörrach. Une première section se concentre sur cet appétit de démocratie en Allemagne, France et Suisse, présentant des objets emblématiques assortis d’éclairantes explications : une statue en bronze de Guillaume Tell signée Richard Kissling – mythe masquant une réalité différente, la Guerre du Sonderbund générant une constitution qui est, peu ou prou, celle de la Confédération helvétique aujourd’hui – ou la déclaration des droits fondamentaux du peuple allemand adoptée en décembre 1848. Sans oublier de beaux témoignages de la “révolution de février”, où les Parisiens se soulèvent, poussant Louis-Philippe à abdiquer avant la proclamation de la Deuxième République par Alphonse de Lamartine.

Dans une deuxième partie, se découvre l’importance de ces mouvements dans le pays de Bade et les espaces limitrophes, avec les trois insurrections qui le parcoururent (avril et septembre 1848, puis mai 1849) et leurs figures marquantes à l’image de Friedrich Hecker. Désirant renverser les princes allemands pour fonder une république, il échoua et un véritable culte lui fut voué après son exil américain : pipes, tabatières et autres épinglettes en témoignent. Pensons aussi à Gustav Struve qui proclama, pour la première fois, la République allemande à Lörrach, le 21 septembre 1848, revendiquant « prospérité, éducation et liberté pour tous ». Illustrent cette période, une tunique en lin bleu de franc-tireur (avec son écharpe noire, rouge et or), une huile parcourue d’un souffle épique montrant la bataille du Scheidegg – lieu-dit situé près de Kandern – ou encore un immense tableau révolutionnaire peint sur une toile de jute, véritable chef-d’œuvre d’art populaire. Après cette passionnante plongée dans le passé, une troisième section questionne la liberté aujourd’hui : « Elle est fondamentale, à une époque où les totalitarismes et les populismes nous menacent plus que jamais », résume Jan Merk. Entre état de la démocratie dans le monde – avec une éclairante carte – et prospective grâce à une œuvre d’art signée Arno Dietsche, collage numérique réalisé avec une IA, des questions d’une brûlante actualité sont posées. Et de se souvenir d’une gravure de 1830 accrochée au début de l’exposition, où la liberté, représentée par une petite fille coiffée du bonnet phrygien, est promenée en laisse par les représentants de puissances supérieures (roi, église, noblesse). Elles ont changé de nom, mais sont toujours là…


Au Musée des Trois Pays (Lörrach) jusqu’au 19 mai 2024
dreilaendermuseum.eu

vous pourriez aussi aimer