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À Karlsruhe, le digital est au cœur des préoccupations culturelles de la cité qui a obtenu le label Unesco City of Media Arts. Zoom sur une caractéristique essentielle en cette période si particulière.

Espace urbain où le patrimoine est exceptionnel, Karlsruhe est un lieu où la culture bat plus fort qu’ailleurs1. En témoigne, par exemple, une initiative extrêmement originale et pionnière, Kultur in Karlsruhe rassemblant plus de 30 institutions majeures de la cité du Bade-Wurtemberg. S’y retrouvent pêle-mêle le Badisches Staatstheater, le Max-Reger-Institut ou encore la Staatliche Kunsthalle. Il s’agit à la fois d’une marque fédératrice et d’une action permettant de positionner la ville comme une destination culturelle majeure sur la scène européenne. Et dans cette floraison qui se poursuit malgré la pandémie, un secteur marque plus particulièrement les esprits : les expérimentations contemporaines débridées et les innovations tous azimuts couronnées l’année passée par le label Unesco City of Media Arts, le premier obtenu en Allemagne, du Creative Cities Network de l’Unesco, suite à une candidature portée par la Ville et le ZKM. Voilà de quoi faire voler en éclats les vieille frontières entre photographie, vidéo, image digitale et rendre désuets les modes de pensée du siècle passé.

De cette effervescence témoigne une dense Seasons of Media Arts avec notamment une édition 2020 des Schlosslichtspiele renouvelée puisque les illuminations du Château se joueront… à la maison devant son écran, sans perdre leur étonnant caractère. Les sensations sont même démultipliées, puisqu’on peut choisir la perspective où l’on voit l’événement dans ce premier mapping vidéo sur Internet au monde. Passer du réel à l’espace digital permet toutes les audaces : si l’on revit les highlights des éditions des cinq années passées, les deux nouveaux shows sont éblouissants : dans Attitude Indicator voisinent deux visions de la Planète bleue, l’une morte, l’autre pleine de vie, illustrant que nous sommes à la croisée des chemins, tandis que Change3 est un éblouissant et métaphysique tourbillon de perceptions. Alors que la réalité est abolie, les spectateurs plongent dans d’excitants univers virtuels. Il en va de même de l’exposition du ZKM intitulée Critical Zones que Peter Weibel2, directeur depuis 1999 de l’institution allemande, a commissionné avec le sociologue français Bruno Latour. Elle nous invite à penser de nouveaux horizons pour la politique écologique à une période où la situation est délicate en compagnie d’artistes comme Sonia Levy (étonnant For The Love of Corals), Len Lye (avec son iconique Tusalava, 1929 explorant le début de la vie organique) ou encore l’Atmospheric Forest de Rasa Smite & Raitis Smits, variation sur le changement climatique.


kulturinkarlsruhe.de

Schlosslichtspiele, jusqu’au 13 septembre (20h15 & 22h) sur le site : schlosslichtspiele.info

Critical Zones, au ZKM (Karlsruhe), jusqu’au 28 février 2021
zkm.de

1 Voir notre dossier sur la cité allemande dans Poly n°230 ou sur poly.fr
2 Voir notre entretien avec Peter Weibel dans Poly n°230 ou sur poly.fr

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