Loft story

Le cabinet d’architecture DRLW vient de réhabiliter un bâtiment du quartier de La Fonderie de Mulhouse, témoin de l’histoire industrielle de la ville, pour y concevoir L’Atelier, bel ensemble de 36 lofts dans un esprit factory.

Le site de DMC ou le quartier gare (voir Poly n°135 et 146) : depuis quelques années, Mulhouse, ville qui mute, cherche à souligner ses richesses patrimoniales en réhabilitant des lieux laissés en friche depuis plusieurs décennies. Les effets de tels chantiers ? Un sentiment de fierté renforcé chez les Mulhousiens et une force d’attraction envers de futurs propriétaires. Le quartier de La Fonderie, du nom du bâtiment abritant l’Université de Haute-Alsace et la Kunsthalle, continue à évoluer avec L’Atelier, ancienne menuiserie (on y fabriquait des caisses pour les pièces métalliques que l’on exportait) appartenant à la Société Alsacienne de Construction Mécanique (SACM, qui produisait des machines pour le textile, des moteurs ou même des locomotives) transformée en lieu d’habitations.

L’Atelier ? Une opération de réhabilitation d’envergure, à la mesure de DRLW, cabinet mulhousien regroupant une trentaine de personnes, gérée par quatre associés (voir photo) qui apprécient les défis techniques en même temps que les programmes de réappropriation de sites industriels. Créée en 1979, cette réunion d’« architectes des villes et des champs », selon Jean-Marc Lesage, un des membres fondateurs, travaille pour toutes sortes de marchés, publics ou privés : La Passerelle de Rixheim, un parking relais à étages à Saint-Louis, une maison de retraite à Bourtzwiller… L’agence s’est fait une réputation au niveau national grâce à ses constructions complexes dans l’aéroportuaire (extension de l’EuroAirport Bale-Mulhouse-Fribourg, construction d’une nouvelle aérogare à l’aéroport de Brest-Bretagne…) ou aux bâtiments extrêmement pointus comme l’atelier-dépôt du tramway de Mulhouse.

De la ville sur la ville

« Tombé dedans » quand il était petit, Jean-Marc Lesage a grandi près du site de DMC, dans un univers de briques rouges. Lorsqu’il s’attaque à la bâtisse de la SACM, l’architecte décide de garder l’enveloppe du bâtiment de 1886 et sa façade caractéristique. Mis à part le plancher haut du rez-de-chaussée (des voutains en briques sur ossature métallique), il n’a rien conservé de l’intérieur, créant des murs en béton perpendiculaires aux façades (répondant ainsi aux normes sismiques ou acoustiques) et des cloisons. Le bâtiment de trois étages, faisant 30 X 60 mètres, est “creusé” pour créer un patio végétalisé, un jardin commun à l’ensemble des copropriétaires, propice aux rencontres entre voisins. Sur le toit, une dizaine de “boîtes”, des penthouses (appartements-terrasses), offrent une vue imprenable sur les Vosges et la Forêt Noire et attirent déjà des acquéreurs aimant prendre de la hauteur.

Les autres lofts, plus “classiques”, d’une dimension allant de 70 à 200 m2, tous équipés d’un balcon ou d’une terrasse, sont en duplex, (dans l’esprit de ceux réalisés pour un programme similaire à Bourtzwiller, la Manufacture 340) et bruts : chacun peut l’occuper et le cloisonner selon ses envies et besoins. « Plutôt que d’acheter un appartement clefs en main, les gens peuvent entreprendre une démarche de création pour leur logement, à partir d’un volume sur deux niveaux. » Du sur-mesure architectural avec son supplément de verdure, au centre-ville, dans un secteur en pleine mutation. Jean-Marc Lesage parle de « revitalisation » d’un quartier où va s’installer le KM0, espace dédié au numérique (alter ego haut-rhinois du Shadok qui sera situé dans l’entrepôt Seegmuler à Strasbourg), également dans une usine restructurée. Des projets qui feront vivre le quartier, d’autant plus que L’Atelier abritera également un vaste restaurant de 130 places avec une grande terrasse panoramique.

Mise en place d’une chaufferie collective, grande qualité d’isolation du bâtiment, toiture photovoltaïque… la construction affiche de surcroit une solide démarche durable. Une unité d’habitations idéale ? « Une façon de vivre autrement dans la cité, loin des modèles standards proposés par les promoteurs. En gardant les enveloppes de bâtiments existants, on refait de la ville sur la ville ! », se réjouit l’architecte. « Durant une longue période, on a réduit en poussière les usines et détruit leurs cheminées car on les associait à l’échec des entreprises. Il faut faire son deuil d’une industrie qui s’est effondrée et le changement de génération permet cette réappropriation. »

www.drlw-archi.comwww.loft-atelier.fr

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