Le Pouvoir du French cancan

© Isabelle Bordes / Opéra-Théâtre de Metz Métropole

En revivifiant la production La Vie parisienne d’Offenbach créée à l’Opéra comique en 2002 par Jérôme Savary, l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole nous a offert un intense instant de bonheur l’autre soir.

L’idée première était de sauver une mise en scène de La Vie parisienne à la destinée incertaine qui avait fait date, dont costumes et décors étaient stockés dans un quelconque container. Uni par une complicité amicale à Jérôme Savary (disparu en 2013), le directeur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, Paul-Émile Fourny, a décidé de racheter l’ensemble, préservant ainsi un pan de patrimoine (comme l’a fait l’Opéra d’Avignon avec La Belle Hélène). Bien lui en a pris : pour la première de ce Savary reloaded, l’atmosphère était profondément heureuse à Metz, vendredi soir, tant cette mise en scène semble concentrer l’esprit qui animait le fondateur du Grand Magic Circus que définissait Colette Godard dans Jérôme Savary, l’enfant de la fête : « Pour simplifier, on [le] dit “baroque”. Et c’est vrai, dans le récit comme dans l’esthétique, il fréquente rarement la ligne droite, s’enrichit d’oripeaux clinquants, se masque, se grime, entremêle des éléments disparates. Il ne s’agit pas même d’une réaction contre le classicisme français, ou le réalisme brechtien. C’est tout bonnement le profond amour du spectacle. L’amour du ludique. Tout passe par le jeu. Sans jouer le formalisme, l’émotion passe par le choc des couleurs, par les images et leur climat, les souvenirs qu’elles font revivre. Quelque chose de l’enfance, un monde de sensations. » Et c’est bien de cela qu’il s’agit ici ; les p’tites femmes de Paris virevoltent, bondissent, dansent et chantent dans une atmosphère 1900 faite d’un mélange d’élégance aristocratique et d’incursions canaille. Les numéros de French cancan s’enchaînent jusqu’à une bienheureuse saturation. Les chanteurs (au nombre desquels figure la fille de Jérôme Savary, Nina, parfaite dans le rôle de Pauline) excellent tandis que Dominique Trottein fait des merveilles au pupitre d’un Orchestre national de Lorraine qui se laisse emporter dans le tourbillon. Le public, lui, est conquis et accompagne l’ensemble en tapant dans ses mains en rythme. Voilà ce qu’on appelle une belle soirée…

 

vous pourriez aussi aimer