Le jongleur des arts

Photo de Ash

Après le triomphe de Smashed, hommage à Pina Bausch, la compagnie britannique Gandini Juggling revient avec 4 x 4 Ephemeral Architectures mariant jonglage et ballet classique. Entretien avec son directeur artistique, Sean Gandini.

Pourquoi cette référence à l’architecture dans le titre de votre spectacle ?
Le ballet et le jonglage sont des arts éphémères. Dès qu’ils existent, ils disparaissent, alors que ce sont des constructions très complexes qui font appel à des systèmes d’ingénierie. Quand j’étais petit, j’adorais les mathématiques. J’étais très attiré par leur forme artistique que l’on retrouve aussi dans la musique, dans la danse et la jonglerie. Ce qui m’intéresse est de constamment réinventer une esthétique au jonglage.

Ludovic Ondiviela, du Ballet Royal de Londres, signe la chorégraphie. Après la danse contemporaine, vous mariez la jonglerie au ballet classique. Comment joindre ces deux univers ?
Le plus simplement possible dans le temps et l’espace, le tout avec beaucoup d’humour. Les danseurs de ballet comprennent très rapidement les objets, les quilles ou les anneaux qui viennent les titiller. Le dialogue s’installe avec les jongleurs. J’ai toujours eu un coup de cœur pour le ballet classique et me suis longtemps demandé ce que donnerait leur rencontre romantique.

On imagine plutôt le jonglage dans la rue et le ballet classique dans des salles aux lambris dorés. Est-ce aussi un mariage de cultures ?
Ces préjugés sont très intéressants comme points de départ, car profondément ancrés dans notre imaginaire. L’autre jour, j’ai rencontré un gamin de quatre ans dans le train. Il voulait connaître mon métier. Quand je lui ai dit « Jongleur et danseur », il a éclaté de rire. C’était tellement invraisemblable pour lui qu’un homme puisse danser. C’est fou qu’un enfant ait déjà son idée sur ce que la danse ou le cirque doivent être. J’adore déjouer cela.

Kate Byrne & Owen Reynolds from Gandini Juggling 4×4 Ephemeral Architectures – campiagn image shoot at Dehavilland studios, London on March 29, 2015. Photo: Arnaud Stephenson

La trame sonore est une création originale de Nimrod Borenstein. Comment s’est déroulée cette collaboration ?

Il a créé très vite. Une rencontre, un café et, trois semaines plus tard, c’était prêt. Nous avons pris sa musique, à la fois très contemporaine et néoclassique.

Nous aimerions imprimer chaque prouesse du spectacle dans notre rétine, voir et revoir le ralenti pour comprendre. L’éphémère, c’est à la fois époustouflant et décontenançant…
Je crois que je fabrique les spectacles que j’aimerais voir. J’adore regarder une création qui me transporte jusqu’aux limites de ma compréhension. Si l’on regarde les chorégraphies de George Balanchine, par exemple, c’est précisément au moment où l’on croit saisir le système qu’il en change.

 À L’Illiade (Illkirch-Graffensta- den), samedi 24 et dimanche 25 février (dès 6 ans)
illiade.com
Smashed est à redécouvrir à L’Espace culturel Le Parc (Ribeauvillé), samedi 3 mars
ribeauville.fr
gandinijuggling.com 

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