Le festival Primeurs et ses teintes québécoises

Parloir de Delphine Hecquet © Simon Gosselin

Le festival Primeurs poursuit sa défense des écritures dramatiques contemporaines francophones lors d’une 16e édition aux teintes québécoises.

Chaque automne, les fécondes relations artistiques tissées entre Forbach et Sarrebruck donnent lieu à un florilège de mises en scène ou en lecture de textes d’auteurs actuels. Trois prix sont décernés pour le meilleur auteur, traducteur et le coup de coeur du public. Originalité cette année, le Montréalais Sébastien David, lauréat de Primeurs 2017 avec Les Hauts-parleurs, propose la pièce radiophonique Une Fille en or en direct sur SR 2 KulturRadio (17/11, Saarländisches Staatstheater, en allemand surtitré en français). Il y revisite à sa manière les Quatre fantastiques, mélangés avec des mythes anciens (Midas), de la psychanalyse ou un futur techno-machino-transhumaniste : une analyste financière découvre que tout ce qu’elle touche se transforme en or… jusqu’à sa propre secrétaire, tandis qu’une autrice ferraille jusqu’à l’overdose avec une multiplicité de doubles d’elle-même. Une zombie, célébrée comme créatrice de tendances par les influenceurs de tout poil, montre la capacité infinie de récupération du Net dont le dernier personnage, une mère devenue un pixel à force d’y acheter des vêtements de manière compulsive, a toutes les peines du monde à retrouver le chemin de la réalité et à s’extirper de la Matrice.

festival Primeurs
Festival Primeurs: Parloir de Delphine Hecquet © Simon Gosselin

Autre Québécoise invitée, Annick Lefebvre avec Les Barbelés (18/11, Saarländisches Staatstheater, en allemand surtitré en français). Dans ce monologue, elle imagine ce qui passe par la tête de son personnage – non genré – découvrant qu’il ne lui reste qu’une heure à vivre, inexorablement étreint par un fil de fer barbelé. Tout autant cycliste que parent, amant·e, enfant, activiste et désenchanté·e, iel balaye, dans un flow tenu tambour battant, l’amour, la sexualité et les injonctions sociales, éclatant ce qui sépare l’intimité et le politique. Dans le genre coup de poing, le Parloir écrit et mis en scène par Delphine Hecquet, associée à La Comédie de Reims, vous laissera chamboulé (16/11, Carreau, en français surtitré en allemand). Le temps d’une visite en temps réel, une jeune femme brise le silence avec sa mère, condamnée neuf ans plus tôt pour le meurtre de son mari violent. Parole est donnée aux victimes collatérales de la prison, errant à leur manière dans les couloirs du système pénitentiaire. Enfin, Alexandra Badea plonge dans l’un des pires épisodes de l’histoire de France dans Points de non-retour (Thiaroye). Les enfants y héritent des traumatismes de leurs parents en Roumanie et auSénégal. L’autrice réunit témoins et victimes du colonialisme et du massacre perpétré par l’armée française, en 1944, de plusieurs centaines detirailleurs réclamant leur solde après de valeureux combats lors de la Seconde Guerre mondiale (19/11, Saarländisches Staatstheater, en allemand surtitré en français).


Au Carreau (Forbach), à la Stadtgalerie, à l’Alte Feuerwache du Saarländisches Staatstheater et à la Villa Europa (Sarrebruck) du 16 au 19 novembre
festivalprimeurs.eu

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