L’amour à trois

Croquis de costumes de Giovanna Fiorentini

Pour marquer le dixième anniversaire de la disparition de Gian Carlo Menotti (1911-2007), l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole a confié le soin à Sylvie Laligne de monter Le Téléphone et Amelia va au bal, deux variations sur le triangle amoureux.

Même s’il est aujourd’hui oublié, Gian Carlo Menotti fut une star de Broadway dans les fifties. Restée à l’écart des chemins empruntés après 1945, sa musique se déploie dans un classicisme de bon aloi, très loin des épicentres expérimentaux que furent Darmstadt et Donaueschingen. Certains, bougons, comme Gérard Condé – à la fois compositeur et critique – y virent « du Puccini mal ficelé mâtiné de Berg et de Debussy ». Reste que ses partitions sont efficaces, aisées à s’approprier, pleines de vie et de fantaisie. C’est ce qui caractérise Le Téléphone (1947) et Amelia va au bal (1937). À l’origine autonomes, ces deux opéras bouffes ont été rassemblés – et actualisés – par la metteuse en scène Sylvie Laligne qui les considère « comme deux parties d’une même histoire. Ce sont également deux triangles amoureux d’essence différente ». Le premier est une chronique sociale où « un jeune couple formé par Ben et Lucy vacille en raison de l’addiction de la femme au téléphone. Imaginez que ça se passait en 1947 », s’amuse-t-elle. « J’ai déplacé l’ouvrage à l’ère du portable roi et des réseaux sociaux, sans rien toucher au texte. »

On retrouve les deux protagonistes dans Amelia va au bal : dix ans se sont écoulés, ils sont mariés et elle a changé de prénom « parce que celui-ci est plus chic que Lucy ». Le temps passé est manifesté par un défilement de tabloïds sur écran géant façon Amicalement vôtre : d’espoir du footy – le football australien qui se rapproche plus du rugby que du soccer – l’homme est devenu son ambassadeur richissime sur toute la planète. Sa femme elle, est une Desperate housewife qui s’emmerde dans son immense appartement, n’ayant comme ressource, pour briser l’ennui, que d’aller faire du shopping avec des amies ou une partie de jambes en l’air avec son amant. Marqué par le trio classique du vaudeville, l’œuvre est enlevée. Presque de l’opéra de boulevard narrant l’histoire d’une femme dont l’objectif obsessionnel est de se rendre à un bal. Sylvie Laligne préserve le sel burlesque de cette affaire, en réhabilitant son héroïne poussée à des extrémités frivoles par « l’insupportable futilité de son existence ».

 

À l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, du 5 au 9 mars

www.opera.metzmetropole.fr

 

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