Borde to Be Alive : Julien Mareschal et son Domaine de la Borde

© Katherine Kuhn

Julien Mareschal préside aux destinées du jeune Domaine de la Borde, adresse devenue iconique dans le Jura.

Il est jurassien. Vient de la terre. N’est pas l’héritier d’une dynastie de viticulteurs, mais de… céréaliers. « Je me suis passionné très jeune. À quinze ans, quand mes copains achetaient des cigarettes, moi c’était le vin, dont le côté mystérieux me fascinait », résume Julien Mareschal. Une fois diplômé en œnologie à Dijon et après quelques stages, il se lance dans le grand bain en 2003, faisant l’acquisition de trois hectares à Pupillin, s’installant à quelques encablures du mythique Pierre Overnoy : « Il est très ouvert, mais quand on lui pose une question, il répond par deux autres questions. Ce qui permet de trouver sa propre réponse. » Aujourd’hui, le domaine fait près de sept hectares, après des agrandissements successifs et l’ajout récent d’une petite parcelle « sur des kimméridgiens1, ce qui est rare dans le Jura, au pied du Mont Poupet, près de Salins-les-Bains. Le terrain n’a jamais connu la chimie, juste des moutons et des chevaux. » Le credo de la maison est en effet bio et nature : « On intervient très peu en cave. Le vin se fait à la vigne, où je passe 95 % de mon temps. » 

Les vins de Julien Mareschal sont d’une grande droiture : « On a longtemps dit que le bois dans les vins était un défaut lorsqu’il était trop perceptible. Pour moi, c’est pareil pour la volatile2 : à partir du moment, où je peux la percevoir, ça ne me plait pas. C’est comme le maquillage ou le parfum : quand on s’en rend compte, c’est qu’il y en a trop », résume-t-il avec une sagesse qu’on aimerait plus répandue. S’il explore les cépages typiques de la région (trousseau, pinot noir, chardonnay, savagnin…), on adore ses poulsards, que ce soit le classique Plous’saperlipopette ou le parcellaire Côte de Feule issu du terroir mythique de Pupillin : « Des marnes rouges du Trias très profondes, les plus vieilles argiles sur lesquelles on travaille dans le Jura ». Le résultat ? Une bouteille racée et bondissante, toute en fluidité, où le fruit rouge se marie avec des réminiscences de réglisse dans une union extrêmement libre. Une belle réussite, à l’image de Foudre à canon, savagnin ouillé3 d’une extrême intensité, élevé en partie en jarres, en partie en tonneaux, le côté droit et tendu conféré par les premières complétant bien l’aspect gourmand et rondouillet qu’autorisent les seconds. À côté des cépages traditionnels, de nouveaux font leur apparition : « En raison du changement climatique, nous retrouvons des cépages oubliés, plus adaptés, comme l’enfariné ou le petit béclan, permettant de corriger ses effets dans des assemblages », conclut Julien Mareschal. 

Julien Mareschal, Domaine de la Borde © Katherine Kuhn

Domaine de la Borde
Chemin des vignes (Pupillin)
domaine-de-la-borde.fr

1 Étage géologique appartenant au Jurassique supérieur (environ 150 millions d’années), représentatif du vignoble de Chablis
2 Ou acidité volatile : lorsque la teneur en acide acétique est trop forte, le vin peut être perçu comme vinaigré
3 Il s’agit de remplir régulièrement les barriques en cours d’élevage pour compenser les pertes dues à l’évaporation ou à l’absorption par le bois, ce qui évite l’oxydation 

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