Into the wild

Photo de La Naissance de la tragédie

Le noyau dur du collectif Notre Cairn troque l’itinérance théâtrale pour créer un festival estival dans la vallée de la Bruche. Les Scènes Sauvages mêlent résidences, créations, ateliers avec des habitants et diffusion de grands textes.

Après Sur la grand-route de Tchekhov en itinérance sur une péniche* et La Noce de Brecht sous chapiteau, Notre Cairn a pris le temps de la réflexion. À l’instar des Cadets de l’époque de la fondation de l’école du TNS, de laquelle est diplômée une partie de l’équipe (Charles Zévaco, Selin Altiparmak, Julien Geffroy, Maxime Kurvers), ils se sont usés à l’itinérance, nourrissant des envies d’implantation sur un territoire, de relations durables avec une population. Le coup de cœur est advenu sur les pentes du massif vosgien. Une dizaine d’entre eux s’y installera plusieurs semaines avant le festival pour tisser des liens, finaliser des pièces, répéter avec des amateurs. Partager et vivre, sûrs de la force rassembleuse de l’art dramatique. La ligne de cette première édition mélange grands auteurs (Maeterlinck, Lagarce) et jeunes prometteurs comme le lorrain Guillaume Cayet dont sera joué Neuf mouvements pour une cavale (07/07, rue du Château, Rothau) ou Maxime Kurvers. Ce dernier pré- sentera sa troisième pièce, La Naissance de la tragédie (Ferme de la Perheux, Wildersbach, 28/06). Seul en scène, Julien Geffroy, juché sur des palets de bois, y raconte sans autre artifice scénique ce qui fait théâtre, la parole et l’acteur. Il s’appuie sur Les Perses d’Eschyle (472 avant J.C.), la première tragédie dont nous avons trace, pour recréer les rituels (encens, miel et lait) qui unissaient alors les comédiens avec les milliers de spectateurs réunis à l’Acropole. Une pièce dépouillée, à l’instar des couches du costume ancien de l’acteur qui nous tient par la seule grâce de son rythme et de ses gestes étudiés jusque dans leur économie. Autre proposition forte, la création de Derniers remords avant l’oubli sous la direction de Stanislas Siwiorek. La mélancolie de Jean-Luc Lagarce autour du naufrage du lien qui unissait trois amis de jeunesse prendra une saveur particulière (04-06/07, rue du Château, Rothau) que l’on retrouvera sans aucun doute dans Intérieur (29 & 30/06 et 03/07, Maison Fritz Stephan, Waldersbach). Marie Schmitt réunit professionnels et amateurs pour cette pièce de Maeterlinck : un étranger et un vieil homme découvrent le corps inanimé d’une jeune fille dans un lac. Arrivés devant sa maison, les mots manquent pour en faire l’annonce à la famille. Mais la foule arrive avec le corps, il va bien falloir s’armer de courage…


Dans les villages de Grandfontaine, Rothau, Waldersbach et Wildersbach, du 28 juin au 7 juillet
les-scenes-sauvages.com

* Lire À Corps et à flots dans Poly n°150 ou sur poly.fr

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