Ice age

Au long des 380 pages d’Unknown Pleasures, Peter Hook, bassiste de Joy Division, raconte le célèbre groupe de Manchester “de l’intérieur”. Toute la vérité (enfin… d’après ses souvenirs) sur une bande qu’il n’hésite pas à démystifier.

La légende se construit peu à peu, de concert en enregistrement, d’erreur en erreur. Fin des années 1970, après s’être appelé Warsaw, le groupe opta pour Joy Division, écartant Boys of Bondage et The Slaves of Venus. Dans des clubs miteux, Ian Curtis, fan de Kraftwerk et d’Iggy Pop (il écoutera The Idiot en boucle avant de se donner la mort), et les autres se produisent devant une petite poignée de spectateurs, les videurs n’hésitant pas à jeter les musiciens dehors en cas d’embrouille. Leur premier live se termina en bagarre générale : les crânes s’entrechoquèrent sur fond d’Exercice one joué à l’aide d’une basse défectueuse. Cahot et cacophonie dans une Angleterre du Nord glaciale en noir et blanc, où « les hommes se biturent et cognent leurs bonnes femmes ».

Ne balancez pas ce bouquin à la poubelle, prévient Hooky. Il nous décrit sans manières une bande de « petits voleurs issus de la classe ouvrière », brisant volontiers l’image arty de Joy Division. Un ramassis de branleurs à la provoc’ douteuse, de farceurs hardcore (les blagues faites aux Buzzcocks), de petites frappes qui tournent à l’alcool et l’adrénaline, de « moches » se contentant d’afficher un air méprisant afin de ne passer pour des crétins… Peter Hook tire le portrait d’un groupe qui pouvait « se payer le luxe d’être imbuvable », car produisant « de la super musique ».

Si le bassiste prétend que Joy Division doit son succès à des successions de hasards, il sait aussi que son groupe a écrit des morceaux fondamentaux, immortels, et fait des lives « géniaux ». Tout ça valait le coup, malgré les problèmes de fric, les insultes, les crachats… ou les fréquentes crises épileptiques de Curtis, pris de terribles convulsions au milieu d’éclats de verre.  Si c’était à refaire, Hook ne changerait rien… « Enfin, j’empêcherais Ian de se pendre. »

Unknown Pleasures, Joy division vu de l’intérieur
édité par Le mot et le reste (26 €)
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