Eco Fair : Patricia Houg sur la 25e édition de ST-ART

Clay Apenouvon, Material insanity au Macaal, Musée d’art contemporain africain, Marrakech, Maroc, © Saad Alami

Annulée en 2020, la 25e édition de ST-ART, première foire d’art contemporain en région, reprend ses quartiers à Strasbourg. Rencontre avec Patricia Houg, sa directrice artistique.

Après cette période compliquée pour les galeries, comment s’annonce l’édition 2021 ?
On ne va pas se mentir, beaucoup de gens sont restés sur la touche. La création artistique a pâti de la crise sanitaire. Cette édition comptera ainsi une soixantaine d’exposants, contre 90 auparavant, en raison notamment des difficultés de circulation à l’international. Malgré cela, nous avons tous l’envie féroce de nous retrouver pour pouvoir faire notre métier, qui est de promouvoir les artistes contemporains, les faire découvrir aux collectionneurs, comme au grand public. D’ailleurs, les exposants présents ont pris de plus grands stands et prévu de belles scénographies. Ça, c’est vraiment positif : la foire de Strasbourg reste un événement très important pour la création contemporaine et le marché de l’art.

Pourquoi avoir choisi de placer l’événement sous le signe de l’écologie ?
Le projet de grande exposition intitulée Futurae remonte à 2019, bien avant les préoccupations soulevées par la pandémie. Le propos était de montrer à la jeune génération, très active sur le front écologiste, que nombre d’artistes sont habités par le même combat depuis des décennies. Jérémy Gobé, par exemple, avec le substrat pour la fixation du corail qu’il a créé à partir de la dentelle de coton, développe un travail plastique fabuleux, dont l’engagement dépasse largement le domaine artistique pour s’ancrer dans l’activisme grâce à son association pour la préservation de la grande barrière. L’installation du franco-togolais Clay Apenouvon, avec ce plastique étirable qui ressemble à une marée noire dégoulinant des murs, est une œuvre d’une force incroyable, qui prend aux tripes. Quant à l’Allemande d’origine coréenne Ha Cha Youn, cela fait vingt-cinq ans qu’elle récolte des sacs plastiques sur les marchés et les réutilise comme des couleurs dans ses tableaux. Toutes ces pièces, dont la plupart ont été créées pour l’exposition strasbourgeoise et n’ont jamais été montrées ailleurs, portent une charge politique puissante.

Une thématique que la région Grand Est prolongera encore sur son stand avec l’exposition Il n’y a pas de planète B, réunissant des artistes du cru comme Guillaume Barth ou Delphine Gatinois
C’est vrai, et c’est un hasard complet ! Cela montre à quel point la question écologique préoccupe les plasticiens, les commissaires d’exposition et finalement l’ensemble de la société actuelle.

L’art est-il plus nécessaire que jamais ?
Absolument ! Les créateurs ont cette capacité à s’emparer de certains thèmes et à en faire des œuvres qui parlent aux gens. Non seulement l’art est une porte d’entrée sur l’époque, mais il a en outre le pouvoir de nous toucher profondément.


Au Parc des Expositions (Strasbourg), du 26 au 28 novembre
st-art.com

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