Deutsche Qualität

Dédié au cinéma de langue allemande, le festival Augenblick, dont c’est la douzième édition, présente des pépites inédites en France comme Agnes (en compétition), mais aussi un panorama de films de la RDA.

Une réflexion venue d’Autriche sur la rédemption possible d’un assassin (Jack d’Elisabeth Scharang), des “ados soldats” de la Wehrmacht prisonniers de l’armée danoise employés à déminer les plages en 1945 (Les Oubliés de Martin Pieter Zandvliet), la renaissance d’une femme sortie de la dépression grâce à son chien (Luca tanzt leise de Philipp Eichholz)… Les six films en compétition du festival Augenblick reflètent la richesse et la diversité du cinéma de langue allemande aujourd’hui. Parmi eux, Agnes de Johannes Schmid (adapté du roman de l’écrivain helvète Peter Stamm), fait figure de météore gelé.

Walter (Stephan Kampwirth, incarnation de la coolitude contemporaine) écrit. Après un recueil de nouvelles – échec commercial retentissant – il s’est tourné vers des essais, plus rentables, travaillant sur l’industrie allemande à l’ère wilhelminienne. Dans une bibliothèque, le séduisant quadra rencontre la glaçante Agnes (Odine Johne qu’on dirait tout droit sortie d’un roman de Moravia), doctorante en physique. Très vite, la jeune fille va mettre son amoureux au défi d’écrire leur love story. Les histoires d’amour finissent mal en général, on le sait. Surtout lorsqu’elles sont couchées sur le papier, aurait-on envie de rajouter. Le réel se mêle à la fiction dans d’étranges collisions, le jeu entre les mots et l’existence devient pervers. Est-ce la vie ? Est-ce le récit ? L’une doit-elle se conformer à l’autre ? Être influencée par lui ? L’innocence et la légèreté de l’amour se fracassent finalement dans un craquement sinistre ramenant le spectateur à l’immense solitude des métropoles européennes. Dans la riche programmation du festival, on est également séduits par une rétrospective composée de films produits par la défunte DEFA (Deutsche Film AG), studio d’État de la RDA, comme Fünf Patronenhülsen (1960) exaltation des valeurs des volontaires républicains pendant la Guerre d’Espagne, le surprenant Coming out (1989) ou encore un des plus grands succès du cinéma est-allemand, La Légende de Paul et Paula (1973) qui a réuni plus de trois millions de spectateurs dans les salles avec son esthétique flower power.

Dans les salles du réseau Alsace cinémas, du 8 au 25 novembre
www.festival-augenblick.fr
Rencontre avec Johannes Schmid autour d’Agnes, samedi 19 novembre à La Passerelle (Rixheim), dimanche 20 au Star Saint-Exupéry (Strasbourg) et lundi 21 au Palace Lumière (Altkirch)

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