Dark wave

©Karsten Prühl

Dirigé par Don Davis, compositeur de la BO du film, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg propose un pharaonique ciné-concert au Zénith avec The Matrix, œuvre culte de la fin du millénaire précédent.

Au panthéon de la musique de film, Don Davis est célèbre pour avoir écrit celles de quelques blockbusters (Jurassic Park 3, En territoire ennemi, etc.) et d’une flopée de long métrages d’horreur comme Mortelle Saint-Valentin. Son chef- d’œuvre demeure cependant la trilogie culte The Matrix de Larry et Andy Wachowski, deux frères (devenus sœurs, mais c’est une autre histoire) qui ont réalisé une des plus marquantes sagas de l’histoire du cinéma, trilogie dont est ici projeté l’épisode 1 (1999). Les machines devenues intelligentes ont pris le pouvoir, les hommes ne sont plus que des sources d’énergie servant à faire carburer la Matrice. Neo est-il l’Élu destiné à sauver l’Humanité ? Morpheus et les résistants qui luttent contre l’ordre impitoyable vont-ils sauver l’univers ? Quelles sont les frontières entre le monde réel et le monde virtuel ? Voilà quelques questions posées dans un long métrage qui révolutionna l’art cinématographique, popularisant, par exemple, le bullet time, un effet visuel largement utilisé ensuite, où les mouvements des personnages sont perçus au ralenti, tandis que la caméra semble se déplacer à vitesse normale.
Opéra cyberpunk récompensé par quatre Oscars, délire SF mâtiné de références philosophiques – du Mythe de la Caverne de Platon aux idées de Jean Baudrillard – ou encore fight club chorégraphié de géniale manière : The Matrix est devenu un objet culte. Le trio d’acteurs composé du beau gosse Keanu Reeves, du vétéran Laurence Fishburne et de la révélation Carrie-Anne Moss (qui n’a pas fait grand chose d’autre, avouons-le) est accompagné d’une BO éminemment dark qui épouse l’action. Elle rappelle parfois Ligeti – dont les musiques ont été souvent utilisées par Stanley Kubrick –, mais également les très sombres compositeurs polonais que sont Krzysztof Penderecki ou Witold Lutosławski, voire la grandiloquence d’un Kenji Kawai, notamment auteur de la musique d’Avalon de Mamoru Oshii. Diamant sombre, la partition de Don Davis éclate en de noires efflorescences dans la salle de concert – entrelacée avec des chansons de Rage Against The Machine, Rammstein ou encore Marilyn Manson –, surtout lorsqu’elle est dirigée par son auteur qui en connaît les plus secrètes arcanes.


Au Zénith (Strasbourg),
samedi 26 mai
philharmonique-strasbourg.eu
zenith-strasbourg.fr

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