Comédies musicales

Wilson Lambert credit Anthony Fabian

Pour l’Acte I de la saison, l’OPS et Marko Letonja convient leur public au théâtre avec de rares musiques de scène de Strauss et Mendelssohn, mais aussi des textes dits par Lambert Wilson.

Cette soirée pas comme les autres concoctée par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg débute par l’absolue rareté qu’est Le Bourgeois gentilhomme de Richard Strauss : auréolé du triomphe du Rosenkavalier en 1911, le compositeur et son librettiste Hugo von Hofmannsthal désirent récidiver, choisissant l’œuvre de Molière et Lully comme fondement d’un futur opéra. Cette page hybride entrecoupée d’interludes parlés sera un cuisant échec. La partie opératique se métamorphosera en Ariadne auf Naxos, quelques années plus tard. De l’œuvre originelle ne subsistent que ces intermèdes devenus une Suite pour orchestre faite de neuf pièces, créée en 1920. Elle transporte l’auditeur dans l’univers loufoque du balourd et naïf Monsieur Jourdain, au cœur d’un espace sonore où le néo-classicisme se mêle aux réminiscences baroques de Lully.

Suivra le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn : si l’Ouverture est fréquemment jouée, la musique de scène qui nous occupe, écrite quelques années plus tard, en 1842, à la demande expresse du roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, mobilise, outre l’orchestre, deux sopranos et un chœur de femmes. Elle illustre la fascination du compositeur pour Shakespeare, prince des demi-teintes et des transparences, qui emporte le public au cœur de la forêt, un soir de Saint-Jean. Il réussit à évoquer avec fougue les courses et les chassés-croisés des amants, imaginant également un hymne à la nuit d’un romantisme de la plus belle eau, sans oublier une extatique Marche nuptiale qui, dans sa transcription pour orgue, a dû accompagner un nombre incalculable de noces ! Les différents numéros de cette partition sont entrecoupés par des lectures d’extraits de la pièce de Shakespeare par Lambert Wilson. On connaît bien la carrière au cinéma du comédien, de ses escapades américaines dans Matrix à ses réussites françaises dont le rôle-titre dans le récent Général de Gaulle de Gabriel Le Bomin ou son extraordinaire prestation dans Des Hommes et des dieux de Xavier Beauvois. Sa passion pour la musique est tout aussi dévorante que sa soif de jouer… S’il a incarné le directeur du Conservatoire national supérieur de Musique de Paris en 2018 dans Au bout des doigts de Ludovic Bernard, il a sorti plusieurs albums, dont un disque dédié à Yves Montand, proposant également un récent tour de chant autour de Kurt Weill.


Au Palais de la Musique et des Congrès (Strasbourg), jeudi 10 et vendredi 11 septembre
philharmonique.strasbourg.eu

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