Le second volet de Quai d’Orsay est aussi brillant que le premier. Voilà un album qui ressemble à une plongée drolatique et décapante au cœur du système diplomatique français… Et dire que cela se passe (un peu) comme ça.
Abel Lanzac, scénariste de Quai d’Orsay, est le pseudonyme d’un ancien collaborateur de Dominique de Villepin. Il connaît les arcanes des ministères et de la diplomatie française par cœur… et ça se voit. Après le succès du premier opus (120 000 albums vendus), voilà donc le ministre des affaires étrangères, appelé Alexandre Taillard de Worms pour l’occasion, à nouveau en peine action, au cœur de la crise irakienne (le pays est ici rebaptisé Lousdem). Il s’agit de rallier les membres du Conseil de sécurité de l’ONU à la position française pour empêcher les États-Unis d’intervenir sur un territoire qu’ils accusent d’être devenu un foyer du terrorisme international. Toute ressemblance avec des événements passés…
Un jeune conseiller, Arthur Vlaminck, chargé d’écrire les discours, se retrouve emporté dans un maelström diplomatique fait d’agitation permanente, où les instants de répit sont rares, avec comme conseil du ministre : « Quand vous avez le temps de pisser, pissez. Quand vous avez le temps de bouffer, bouffez. Quand vous avez le temps de baiser, baisez. » De New York à Moscou, les rouages de la politique internationale sont disséqués avec un humour dévastateur par le trait ultra dynamique de Christophe Blain, un des auteurs de BD les plus excitants de sa génération (créateur également du cow-boy Gus ou d’Isaac le pirate). Mais au-delà de cette véracité revendiquée – qui renvoie à L’Exercice de l’État, un récent film très réussi sur la mécanique du pouvoir – ce qui fascine est le mélange de l’Histoire avec son grand “H” et le quotidien des hommes qui demeurent terriblement humains… Ce qui nous fait dire que cela se passe souvent, peu ou prou, comme dans Quai d’Orsay. Parfois, ça fait froid dans le dos…
Le volume 2 de Quai d’Orsay est paru chez Dargaud (16.95 €)
