Ceci n’est pas une exposition

René Magritte, La Décalcomanie, 1966, Dr Noémi Perelman Mattis et Dr Daniel C. Mattis © Adagp, Paris 2016 © Photothèque R. Magritte / Banque d’Images, Adagp, Paris, 2016

Reprenant le titre de son tableau le plus célèbre, La Trahison des images explore en une centaine de toiles et de dessins la relation de René Magritte à la philosophie.

Ceci n’est pas un surréaliste. Pas uniquement, en tout cas. L’équation Magritte = Surréaliste est en effet un résumé un peu hâtif de l’œuvre de l’artiste belge. Dès 1932, avec Les Affinités électives – un œuf enfermé dans une cage – il renonce à l’automatisme générateur de beauté, « la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie », pour reprendre la célèbre phrase de Lautréamont (qu’adoraient Breton & Co.) pour composer des œuvres visant à résoudre un “problème”. Chaque tableau se métamorphose ainsi en une énigme dont il contient la résolution. Ou non. En tout cas, elle demeure bien cachée… Dans Variante de la tristesse, se pose avec humour l’éternelle interrogation de l’œuf et de la poule. Qui vient d’abord ? Un gallinacé dubitatif regarde un œuf dans un coquetier alors qu’il vient d’un pondre un. Nature contre culture ?

Amitié avec Michel Foucault (à qui ont doit Les Mots et les Choses), correspondance assidue avec des philosophes aussi exigeants qu’Alphonse de Waelhens, infatigable propagateur de l’œuvre de Martin Heidegger dans la sphère francophone, et Chaïm Perelman qui revivifia la pensée d’Aristote au XXe siècle : l’exposition du Centre Pompidou explore les thématiques irriguant l’œuvre de Magritte et ses motifs récurrents (corps fragmentés, rideaux, nuages…) à l’aune de cette préoccupation. Pour le commissaire de la manifestation Didier Ottinger, l’artiste interroge inlassablement « le statut des images, leur relation au réel ou à la vérité ». Icône de l’Art du XXe siècle, La Trahison des images est un résumé (certes partiel) des circonvolutions intellectuelles auxquelles nous invite le peintre dans ses “tableaux de mots” : plus connu par son surnom Ceci n’est pas une pipe, il permet une quasi-infinité d’interprétations. Michel Foucault s’en empara avec bonheur dans son essai éponyme : « Rien de tout cela n’est une pipe ; mais un texte qui simule un texte ; un dessin d’une pipe qui simule un dessin d’une pipe ; une pipe (dessinée comme n’étant pas un dessin) qui est le simulacre d’une pipe (dessinée à la manière d’une pipe qui ne serait pas elle-même un dessin). »

[box] Au Centre Pompidou (Paris), jusqu’au 23 janvier 2017

www.centrepompidou.fr

 À la Schirn Kunsthalle (Francfort), dans un format concentré, du 10 février au 5 juin 2017

www.schirn.de [/box]

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