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Pablo Picasso, Arlequin assis, 1923, Collection privée & Pablo Picasso, Arlequin assis, 1923, Kunstmuseum Basel. © Succession Picasso / 2020, ProLitteris, Zurich Photo : Jonas Hänggi

Picasso, Chagall, Jawlensky : le Kunstmuseum Basel dévoile les Chefs-d’œuvre de la Collection Im Obersteg dans une impressionnante présentation.

Forte de quelque 260 œuvres, la Collection Im Obersteg (administrée par la Fondation éponyme) est en dépôt au Kunstmuseum Basel depuis 20041. Cette troisième exposition consacrée à ce riche ensemble fait entrer en résonance certaines de ses pièces emblématiques avec des tableaux appartenant à l’institution bâloise, illustrant leurs affinités électives. Il est vrai que Karl Im Obersteg (1883-1969) fut membre de la commission d’acquisition du Musée… Suivi par son fils Jürg (1914-1983), il a rassemblé un corpus représentatif de l’art du XXe siècle, se liant d’amitié avec des personnalités comme Alexej von Jawlensky, dont sont montrés de saisissants visages abstraits et mystiques, souvent considérées comme des images sacrées contemporaines, où l’influence de la tradition des icônes russes est perceptible. Dans une salle voisine, dialoguent exceptionnellement deux toiles jumelles intitulées Arlequin assis peintes par Picasso en 19232. Les personnages contemplent le visiteur, solitaires, mélancoliques et fragiles dans leur beauté diaphane. À quelques pas, se retrouve cette figure récurrente chez Picasso, avec un loup noir à la main, dans une composition de 1918, bien plus théâtrale, appartenant à la Collection Staechelin.

Karl Im Obersteg assis sur un canapé avec derrière lui : Chaim Soutine, La jeune anlaise en bleu, vers 1937 Le faisan mort, vers 1926/27, L’enfant de chœur vers 1927; La jeune anglaise, vers 1927

Sur les cimaises bâloises se déploient les inclinaisons d’un collectionneur qui s’intéressa à Chagall parmi les premiers et se passionna pour Soutine (avec notamment L’Enfant au jouet ruisselant de tension et d’angoisse), deux artistes dont sont regroupés de nombreuses huiles. Ce voyage artistique débutant dans les années 1910 pour s’achever dans les eighties est rythmé par des photographies – faisant découvrir les œuvres dans l’intérieur de Karl Im Obersteg – et des documents permettant de mieux connaître celui qui gagna sa vie comme transporteur. Parmi des dizaines de merveilles, le visiteur y croise l’intriguant Portrait de Madame Dorival par Modigliani, la candide et naturelle Grenouille de Suzanne Valadon ou encore un élégant Baigneur assis au bord de l’eau signé Cézanne. Dans un choix de toiles datant du début des années 1950 de Bernard Buffet (Deux Chaises pleines de dépouillement ou un portrait du collectionneur) se distingue une géniale Marine. Le gris du ciel se confond avec celui de la mer créant un étonnant espace mental non narratif, tendant vers l’abstraction, si bien qu’on peinerait à reconnaître la patte du peintre si ce n’était la présence de son iconique signature inhabituellement située en haut à gauche.


Au Kunstmuseum Basel, jusqu’au 21 juin
kunstmuseumbasel.ch 
sammlung-im-obersteg.ch

 1 Les deux salles d’exposition de la Fondation Im Obersteg situées à l’entresol du bâtiment principal accueillent, de manière périodique, des expositions temporaires en lien avec la collection

2 La première fut une des pièces maîtresse de la Collection Im Obersteg jusqu’à sa vente en 1969, la seconde appartient au Kunstmuseum Basel

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