Berlin is back

© Marco Borggreve

Deux opéras, dont un anthologique Tristan und Isolde, et une vingtaine de concerts : pour sa quatrième année de résidence pascale à Baden-Baden, le Philharmonique de Berlin de Sir Simon Rattle propose un copieux menu.

L’histoire de Tristan et Iseult, mythe fondateur de la conception (très) occidentale de la passion tragique – pour une analyse détaillée, se plonger toutes affaires cessantes dans L’Amour et l’Occident de Denis de Rougemont – est bien connue. Wagner, transcendé, en tire une partition d’un lyrisme exacerbé en forme de voyage intérieur tumultueux au plus profond de l’âme humaine. Les deux protagonistes sont en effet tour à tour écorchés, déchirés, pleins d’espoir, scintillants ou désespérés… Le metteur en scène polonais Mariusz Treliński, dont on avait aimé la vision de Iolanta à Baden-Baden, en 2009, propose une version très cinématographique de l’œuvre (19-28/03, Festspielhaus) qui sera reprise au Metropolitan Opera de New York. Servie par une distribution de premier plan (Eva-Maria Westbroeck et Stuart Skelton dans les rôles-titres), cette nouvelle production permettra d’apprécier le wagnérisme subtil et intense des musiciens du Philharmonique de Berlin.

Parmi le reste de la programmation des Osterfestspiele, mentionnons le rare Il Mondo della luna, opéra cosmico-comique de Haydn (20 & 23/03, Théâtre), un très attendu Concerto pour violoncelle de Schumann par Yo-Yo Ma sous la direction de Yannick Nézet-Séguin (20/03, Festspielhaus) ou encore de multiples concerts avec les solistes de l’Orchestre, dont un programme intitulé Isoldes Liebestod qui promet (21/03, Museum Frieder Burda). Nos coups de cœur ? La très culte Symphonie n°9 de Beethoven (21 & 27/03, Festspielhaus), ode à la joie dont on a bien besoin en ces temps troublés, mais aussi la rencontre entre les Berliner Philharmoniker, Sir Simon Rattle et l’archet enchanté, spontané et précis de Janine Jansen (en photo) dans le Concerto n°1 de Bruch (26/03, Festspielhaus), page virtuose aux accents brahmsiens. Elle sera accompagnée par l’âpre Symphonie n°4 de Chostakovitch, restée dans les cartons du compositeur plus de 25 ans et créée en 1961, en pleine déstalinisation lorsque les oreilles soviétiques pouvaient entendre cette fresque qui s’achève dans une sublime déréliction sonore…

Au Festspielhaus et dans Baden-Baden, du 19 au 28 mars

www.festspielhaus.de

www.berliner-philharmoniker.de

vous pourriez aussi aimer